Élections Canada est préoccupé par la découverte d'une boîte de scrutin de la circonscription de Québec dont les scellés ont été endommagés. Ses fonctionnaires cherchent à déterminer s'il y a eu fraude ou s'il s'agit d'un banal accident. Mais les conservateurs ont déjà tranché et accusent les bloquistes d'user de stratégies malhonnêtes.

Un reportage diffusé par le réseau TVA a montré, vendredi, les images d'une boîte remplie de bulletins de vote endommagée. À Élections Canada, on a confirmé hier que l'on prend cette situation très au sérieux. «Nous tentons de déterminer ce qui s'est passé», a dit laconiquement hier le porte-parole Serge Fleyfel.

 

Élections Canada n'a pas le pouvoir d'ouvrir une enquête, mais l'organisme pourrait en faire la recommandation au Commissaire aux élections fédérales, qui pourrait à son tour porter des accusations criminelles. La loi électorale dit clairement qu'il est illégal d'altérer une boîte de scrutin scellée.

Reste que l'affaire est déjà entendue pour la candidate du parti conservateur dans la circonscription de Québec, Myriam Taschereau. «Le Bloc est prêt à tout pour conserver Québec, même à truquer le vote!» a-t-elle dit à La Presse.

300 bulletins

La boîte de scrutin contenait quelque 300 bulletins. Mme Taschereau estime que ce nombre est amplement suffisant pour compromettre ses chances d'être élue. «J'ai vu des élections se gagner par 25 voix, alors nous sommes très, très inquiets.»

Comme c'est le Bloc qui détient cette circonscription, c'est lui qui avait la responsabilité de proposer des scrutateurs au directeur du scrutin. Mme Taschereau insinue que l'équipe de Christiane Gagnon n'a pas été en mesure de proposer des candidats fiables. Rien ne permet toutefois de déduire que les personnes qui ont agi à ce titre au bureau de vote où se trouvait la boîte endommagée étaient bel et bien sur la liste des candidats proposés par l'équipe Gagnon.

Tout de suite après la diffusion du reportage de TVA, le Bloc a d'ailleurs demandé que les personnes responsables de la boîte en question soient démises de leurs fonctions et que le directeur du scrutin rapatrie toutes les urnes conservées par les scrutateurs à leur domicile. «Avant même la tenue du vote par anticipation, on avait émis des doutes sur la pertinence de confier à des scrutateurs la responsabilité des boîtes de scrutin pendant toute une semaine», a dit hier le porte-parole du Bloc, Éric Normandeau.

Le candidat libéral Damien Rousseau s'est dit troublé par la situation, mais il refuse de jeter la pierre à ses adversaires et reproche à la candidate conservatrice d'avoir dépassé les bornes. «Les scrutateurs sont des citoyens assermentés qui font bien leur travail... jusqu'à preuve du contraire. Il faut qu'on sache ce qui s'est passé, mais je fais confiance aux fonctionnaires d'Élections Canada.»