Des téléphonistes-pointeurs employés au bureau du candidat conservateur d'Ahuntsic, Jean Précourt, sont payés 8$ l'heure, soit sous le salaire minimum québécois de 8,50$. Une pratique qui serait illégale, d'après nos informations.
Les doléances d'un jeune employé sont parvenues à La Presse. La chose a ensuite été confirmée par une autre employée, elle aussi payée 8$ l'heure. Puis notre journaliste a travaillé deux soirs au bureau du candidat conservateur, également au salaire de 8$ l'heure.
Avisée la semaine dernière, la Commission des normes du travail du Québec refusait hier encore de prendre position. «C'est une zone grise, ça mériterait une enquête», justifie Dalia Gesualdi-Fecteau, avocate et porte-parole de la Commission.
Pour trancher, elle soutient qu'il faut répondre à deux questions. Un: l'employé est-il travailleur autonome ou salarié? La Loi sur les normes du travail, qui prévoit qu'un salarié a droit de recevoir le salaire minimum, ne s'applique pas aux travailleurs autonomes. Deux: l'employeur tombe-t-il sous la juridiction de la loi québécoise?
La majorité des juristes consultés concluent que ces employés du Parti conservateur à Ahuntsic sont salariés. Par ailleurs, à moins d'une exception, la loi fédérale prévoit que c'est le salaire minimum de la province où travaille l'employé qui s'applique. Personne à Élections Canada, à l'Agence du revenu du Canada ou à la Commission des normes du travail du Québec n'a été en mesure de trouver une telle dérogation pour les téléphonistes-pointeurs.
Le directeur de campagne du candidat Jean Précourt, Zénon Mazur, a d'abord nié que les téléphonistes-pointeurs sous sa supervision étaient payés 8$ de l'heure. Informé que La Presse détenait un chèque signé par l'agent officiel du candidat, M. Mazur a soutenu qu'il devait y avoir «une erreur quelque part».
Autre pratique singulière, lors de sa première soirée de travail, notre journaliste a été incitée par M. Mazur à ne pas déclarer ses revenus à l'impôt. Au téléphone, M. Mazur a nié avoir tenu de tels propos.