Pour la première fois dans l'histoire des débats des chefs, les dirigeants des partis ne prononceront pas de discours d'ouverture et de clôture, ce soir et demain soir. Le temps gagné sera consacré à l'économie et à la crise financière qui secoue actuellement les marchés boursiers.

Le consortium des radiodiffuseurs a fait cette annonce surprise, hier, à la veille du débat francophone et à l'avant-veille du débat anglophone. Les 45 premières minutes des débats de deux heures seront donc entièrement consacrées à l'économie.

«Nous nous demandions comment ajuster le format du débat pour donner plus de place à la situation de l'économie mondiale, une question qui préoccupe les Canadiens», a expliqué Jason MacDonald, porte-parole du consortium des radiodiffuseurs, organisation chargée d'établir les règles du débat.

Tant pour le débat francophone qu'anglophone, la première question posée aux chefs portera directement sur la crise boursière. Les deux questions suivantes seront en lien avec l'économie, précise M. MacDonald.

Cette annonce a été faite quelques heures après que le premier ministre Stephen Harper eut envoyé une lettre au consortium pour demander d'accroître le temps consacré à la crise financière pendant le débat. Jason MacDonald assure toutefois que le consortium réfléchissait à cette option depuis «plusieurs jours» et que son organisation a averti tous les partis avant d'annoncer les changements.

«L'économie est un enjeu majeur au Canada et les Canadiens s'attendent à un leadership de la part de leur chef», a déclaré Dimitri Soudas, porte-parole de Stephen Harper.

Plans bousculés

Ces changements au format du débat bousculeront quelque peu les plans. En effet, l'ordre des discours d'ouverture, de fermeture et des réponses à la première question a été tiré au sort il y a deux semaines.

Alors que le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, devait être le premier à prononcer le discours d'ouverture du débat en français, il reviendra maintenant à Stephen Harper de briser la glace, puisqu'il avait été pigé pour répondre à la première question avant ses rivaux.

«Je ne sais pas si ça lui donne un avantage, mais ce sera un gros défi pour Stephen Harper, étant donné qu'il ne connaît pas la nature de la question, croit Thierry Giasson, professeur de communication politique à l'Université Laval. Pour les électeurs, ce sera intéressant de l'entendre en premier. C'est toute de même lui le premier ministre.»

«Ce sera intéressant, croit également Yves Dupré, président du conseil d'Octane Communications. Stephen Harper devra soit admettre que la situation est pire qu'il le prétend depuis plusieurs semaines, ou continuer de dire que l'impact de la crise est négligeable au Canada.»

Le Parti vert du Canada et le Nouveau Parti démocratique se sont dits en accord avec la nouvelle formule du débat, tandis que le Bloc québécois a dit «accepter» la décision du consortium des radiodiffuseurs. Le Parti libéral n'a pas émis de commentaires.

«C'est tout de même particulier que les partis politiques aient accepté que les règles soient changées à la dernière minute. Les discours d'ouverture sont très importants, parce que plusieurs téléspectateurs quittent pendant le débat», conclut Thierry Giasson.

Le déroulement

Le débat des chefs en français aura lieu de 20h à 22h ce soir sur les ondes de Radio-Canada, RDI et TVA. Celui en anglais sera diffusé à compter de 21h demain sur CBC, CTV et Global. En direct du Centre national des arts à Ottawa, les chefs de cinq partis débattront autour de huit questions qui seront dévoilées uniquement lors du débat. Les chefs ont toutefois une idée des thèmes qui seront abordés. Puisque les discours d'ouverture et de clôture ont été abolis hier, les chefs devront répondre dès le départ à une question sur la crise qui secoue actuellement le monde financier. Deux autres questions liées à l'économie leur seront ensuite posées, suivies de cinq autres questions choisies parmi les 5000 suggérées par le public. Les chefs ont 45 secondes pour répondre à chaque question. Les tours de table sont suivis d'une période de huit minutes de débat animée par Stéphan Bureau ce soir, et par Steve Paikin demain.