Loin de réclamer la démission de leur chef, des candidats défaits du Nouveau Parti démocratique (NPD) estiment que Thomas Mulcair pourrait rester à la tête de leur parti malgré la débâcle électorale de lundi. Ces députés sortants jugent avoir fait les frais de la volonté des électeurs de se débarrasser du gouvernement Harper, vent de changement qui a finalement favorisé les libéraux.

Maria Mourani, Ahuntsic-Cartierville

« Bien sûr, [Thomas Mulcair] devrait rester », estime Maria Mourani, qui croit que le NPD a mené une excellente campagne et a fait la preuve que le parti avait un avenir au Québec. Si le NPD a essuyé la défaite, c'est en raison des sondages qui ont poussé les indécis à se rallier au camp libéral, évalue Mme Mourani. « Durant la campagne, surtout vers la fin, on constatait qu'il y avait beaucoup d'indécis ou de gens qui refusaient de dire pour qui ils comptaient voter. Quand les gens ont vu que, sondage après sondage, les libéraux étaient en tête, ils se sont dit : "Si on veut mettre M. Harper à la porte, il faut voter libéral." Le vote stratégique a été déterminant. » Déçue de sa défaite, Maria Mourani se dit néanmoins sereine. « Je quitte avec le sentiment du devoir accompli », dit celle qui représentait Ahuntsic-Cartierville depuis 2006.

Hoang Mai, Brossard-Saint-Lambert

Malgré la défaite, le député sortant Hoang Mai croit que Thomas Mulcair peut continuer à diriger le NPD. « J'ai toute la confiance en M. Mulcair. C'est quelqu'un d'intègre qui nous a démontré son leadership et son expérience », a commenté le candidat battu. Il estime aussi que le NPD a été victime du vote stratégique. « Beaucoup de personnes voulaient changer de gouvernement, remplacer Stephen Harper », précise-t-il. Or ce vent a fini par bénéficier aux libéraux, constate-t-il. Hoang Mai ne cache pas sa déception à la suite de sa défaite. « Dans la circonscription, j'y ai cru jusqu'au bout. Je croyais vraiment que tout était possible. » À quatre ans des prochaines élections, il ne met pas une croix sur un éventuel retour en politique. « Je pense que se lancer en politique, c'est une vocation, et je sais que je l'ai, alors je ne ferme aucune porte. »

Raymond Côté, Beauport-Limoilou

Le NPD avait le meilleur plan pour le Canada, mais les Canadiens avaient envie de rêver après quelque 10 ans d'un gouvernement conservateur. C'est ainsi que le député sortant Raymond Côté explique la défaite de son parti. « On a présenté des solutions réalistes, sensées, intelligentes, mais peut-être pas si sexy que ça. C'était notre approche col bleu. Finalement, pour les gens qui avaient soif de changement, peut-être d'une part de rêve, on s'est retrouvés à être moins attrayants », a analysé le candidat défait. Même si le NPD n'a pas su inspirer le changement, Raymond Côté dit avoir toujours confiance en son chef pour diriger le parti. « Thomas [Mulcair] a toujours sa place. C'est une décision qui lui appartient, mais s'il veut rester, non seulement je vais approuver, mais je vais m'en réjouir », a indiqué le député sortant de la région de Québec.

Ève Péclet, La Pointe-de-l'Île

Pendant la campagne, « Thomas Mulcair a démontré qu'il était aguerri, un homme de principes, et qu'il aurait été le meilleur premier ministre ». Au lendemain d'une cuisante défaite, Ève Péclet affirme qu'il lui revient de prendre la décision de rester ou pas à la tête du NPD. L'ex-députée ne cachait pas sa déception d'avoir perdu. « Il y a quatre ans et demi, j'avais été élue à cause de Jack Layton pendant la vague orange. Mais je crois que, depuis, j'ai démontré que j'avais toujours ma place », dit-elle. Ève Péclet espère que le nouveau premier ministre ira de l'avant avec l'adoption d'un système proportionnel. « Notre système parlementaire ne favorise pas l'existence de trois partis. Il y avait encore beaucoup d'indécis à la veille du vote et les gens devaient faire un choix pour remplacer Stephen Harper. Des gens ont choisi le NPD, d'autres les libéraux, et c'est ce qui a permis au troisième candidat [bloquiste] de se faufiler entre nous deux. »