Au dernier jour de la plus longue campagne électorale au Canada, le premier ministre conservateur sortant Stephen Harper, le libéral Justin Trudeau et le social démocrate Thomas Mulcair ont cherché dimanche à faire pencher dans leur camp les derniers indécis dans un scrutin qui s'annonce serré.

À la veille du scrutin législatif, le sourire était plus large sur le visage de Justin Trudeau.

Ce fils de l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau est installé en tête des intentions de vote depuis une semaine, quand il pointait seulement loin en troisième position au départ d'une campagne de 78 jours, la plus longue de l'histoire.

Dans un dernier sondage dimanche, l'institut Nanos créditait les libéraux de 37,3% des intentions de vote, les conservateurs de 30,5% et le Nouveau parti démocratique de 22,1%.

Si cela devait se confirmer dans les urnes lundi, c'est Justin Trudeau, un peu à la surprise générale, qui serait en mesure de former le prochain gouvernement avec un groupe minoritaire de députés à la Chambre des communes à Ottawa.

Comme les sondages n'avaient pas prévu l'ampleur de la vague orange du NPD au dernier scrutin de 2011 --qui avait fait de ce parti la deuxième force politique canadienne dernière les conservateurs--, chacun voulait croire dimanche que la victoire était en vue.

Les 48 dernières heures ont été éprouvantes pour les chefs de partis qui ont sillonné le Canada de la côte atlantique au Pacifique pour marteler un discours décliné depuis des semaines.

Stephen Harper s'est une nouvelle fois présenté comme le garant de la stabilité économique et l'assurance d'une baisse de la fiscalité. En dépit d'une récession au premier semestre avec l'effondrement des cours du pétrole, le premier ministre sortant a mis en garde les électeurs contre les dérives budgétaires promises par ses adversaires.

Lundi, le choix est entre Justin Trudeau qui «propose des dépenses (...) financées par des hausses de taxes et d'impôts et des déficits» ou la reconduction d'une politique conservatrice avec «un budget équilibré, des baisses de taxes et d'impôt. C'est le choix entre la perte d'emplois et la création d'emplois», a-t-il lancé.

«Quelque chose de grand»

Dans la peau du favori, Justin Trudeau, parti d'Halifax samedi pour arriver dimanche soir à Vancouver en Colombie-Britannique, a continué de s'adresser aux classes moyennes dont il veut baisser les impôts pour mieux taxer les plus riches.

Au pas de course vers l'Ouest, avec des étapes au Nouveau-Brunswick, en Ontario et au Manitoba, il a demandé à ses partisans de ne pas relâcher leurs efforts, de continuer le porte-à-porte jusqu'à la dernière minute et de persuader leurs voisins de voter libéral.

«Nous sommes sur le point de réaliser quelque chose de grand». Infantilisé par les conservateurs qui lui donnaient volontiers du «Justin» début août au lancement de la joute électorale, le chef du parti libéral apparaît maintenant confiant.

«Aidez-nous à battre Stephen Harper», a-t-il répété, car «cela va être une élection serrée».

En envoyant 121 députés sur les 338 de la Chambre, l'Ontario a été l'objet de toutes les attentions pendant la campagne de la part des candidats et c'est dans cette province la plus peuplée --13 des 35 millions d'habitants au Canada y vivent-- que Thomas Mulcair a passé son dimanche en provenance de Vancouver.

Pour les Verts, Elizabeth May a tenté une nouvelle fois dans son fief de Colombie-Britannique de décourager un vote stratégique au profit des libéraux ou du NPD pour se débarrasser de Stephen Harper et qui lui coûterait automatiquement des sièges à la Chambre.

Même discours pour Gilles Duceppe du Bloc québécois qui a multiplié les arrêts au Québec pour arracher des votes souverainistes et laver l'affront de 2011 où son parti avait été emporté par la vague orange du NPD.