À une semaine du vote, Stephen Harper a pris l'allure d'un animateur de jeu télévisé, Justin Trudeau a tendu la main aux électeurs conservateurs et Thomas Mulcair a maintenu qu'il y avait encore une course à trois.

Un quatrième coureur, Gilles Duceppe, se préoccupait de l'expiration, lundi, de l'accord canado-américain sur le bois d'oeuvre.

Le chef conservateur s'est présenté, lundi matin à Waterloo, en Ontario, devant une pancarte où on pouvait lire «Le coût des hausses d'impôt libérales». À ses côtés, une jeune femme déposait des liasses de billets de 20 $ et de 10 $, faisant résonner le bruit d'une caisse enregistreuse à chaque dépôt.

M. Harper voulait ainsi illustrer ce que coûterait à la famille de cette Ontarienne la disparition de prestations ou de crédits d'impôt instaurés ou promis par le gouvernement conservateur. «C'est de l'argent que les libéraux prendraient», a accusé M. Harper en pointant vers la table couverte de billets de banque.

«Nous n'allons pas couper ces crédits d'impôt», s'est défendu quelques minutes plus tard Justin Trudeau, en parlant de trois mesures fiscales citées par son rival conservateur: un crédit d'impôt pour pompier bénévole et deux crédits d'impôt pour activités sportives et artistiques des enfants.

«M. Harper continue de miser sur la peur et de présenter des non-vérités aux Canadiens», a dit le chef libéral, en point de presse, lundi matin.

Durant son discours dans une banlieue d'Ottawa, M. Trudeau s'est montré plutôt conciliant.

«Les conservateurs ne sont pas nos ennemis. Ils sont nos voisins, nos cousins, nos oncles et nos parents. Ils sont nos amis», a-t-il lancé, reprenant un thème qu'il a exploité au cours des deux derniers mois.

«Nous n'avons pas besoin de les convaincre d'abandonner le Parti conservateur. Nous devons juste leur démontrer que c'est le parti de Stephen Harper qui les a abandonnés», a-t-il conseillé aux militants libéraux venus l'entendre.

Malgré l'assurance affichée par M. Trudeau et malgré les sondages qui soulignent une montée des libéraux, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) a maintenu qu'on assiste encore et «pour la première fois de l'histoire du Canada» à une course à trois.

Thomas Mulcair continue de miser sur l'opposition au Partenariat transpacifique (PTP), une entente de libre-échange entre 12 pays, conclue la semaine dernière par le gouvernement conservateur sortant.

«Stephen Harper et Justin Trudeau peuvent bien s'entendre pour tenter d'imposer un accord secret qui menace nos emplois; un accord qui va faire baisser les salaires et monter le prix des médicaments d'ordonnance. Mais ils vont trouver le NPD sur leur chemin», a-t-il assuré dans un discours à Maple Ridge, en Colombie-Britannique.

En point de presse, le chef néo-démocrate a confirmé que ce sera à Québec de décider quoi faire de l'argent qu'un gouvernement Mulcair lui verserait pour son système de garderies.

Le NPD promet des garderies à 15 $ par jour. Au Québec, le gouvernement Couillard adapte dorénavant le prix des Centres de la petite enfance (CPE) en fonction du revenu des parents. Certains paient donc plus de 15 $.

«Ce serait l'ultime ironie», a fait valoir le chef du NPD s'il fallait que Québec - première province à mettre sur pied un système de garderies - se fasse dicter par Ottawa l'avenir de ce système.

M. Mulcair continuait sa campagne à Saskatoon, en fin de journée. En cette dernière semaine, le NPD se concentre sur des comtés où il martèle que ce sont «les néo-démocrates qui battent les conservateurs».

De son côté, le chef du Bloc québécois est passé à Mont-Laurier pour parler d'industrie forestière.

«On a un an devant nous avant la reprise de la guerre commerciale, le temps qu'il faut pour qu'on puisse mettre toute la pression si on veut gagner», a argué M. Duceppe, en parlant de l'accord sur le bois d'oeuvre qui doit être renégocié. «Ça prend un parti qui ne sacrifiera pas les intérêts des producteurs forestiers québécois en faveur de ceux de la Colombie-Britannique. Et ce parti, c'est évidemment le Bloc Québécois», selon le chef en campagne électorale.

Loin de moi, la controverse

Trois fois plutôt qu'une, Justin Trudeau a été invité par les journalistes qui suivent sa caravane à préciser les propos diffusés dimanche à l'émission «Tout le monde en parle» concernant la vente de «Jeeps» à l'Arabie saoudite. Il s'est contenté à chaque fois de répéter qu'il ne résilierait pas un contrat signé, mais qu'un gouvernement libéral agirait différemment.

M. Harper, lui, était dans le comté d'un candidat et député sortant résolument contre l'avortement et contre l'aide au suicide. Invité à annoncer sa position sur ce dernier sujet, le chef conservateur a esquivé la question.

«Nous avons nommé un comité consultatif qui est en tournée au Canada (...) pour parler à tous ceux qui sont concernés, à des patients, des personnes handicapées, des personnes âgées, des médecins», a avancé le chef conservateur.

En fait, ce comité nommé deux semaines avant le déclenchement de l'élection pour préparer la réponse du gouvernement à l'arrêt Carter, jugement de la Cour suprême qui invalide les lois interdisant l'aide médicale à mourir, a suspendu cette consultation dont parle M. Harper jusqu'au 19 octobre.