Le dossier des réfugiés syriens a rebondi au 68e jour de la campagne électorale.

Stephen Harper a dû confirmer, jeudi, que son gouvernement a suspendu pendant quelques semaines en juin l'étude des dossiers de réfugiés syriens identifiés par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies pour une réinstallation au Canada.

La chose a été dénoncée à l'unisson par Gilles Duceppe qui l'a trouvée «inadmissible», Thomas Mulcair qui l'a traitée d'«abjecte» et Justin Trudeau qui, cependant, ne s'en est pas étonné. Ces trois chefs en campagne y ont vu une preuve de plus qu'il fallait à tout prix défaire le gouvernement conservateur.

Pour se défendre, M. Harper a rappelé qu'il voulait donner la priorité aux réfugiés issus de minorités religieuses et ethniques et qu'il voulait assurer la sécurité du Canada. «La vérification que nous avons demandée plus tôt cette année visait à assurer que ces objectifs étaient respectés», a-t-il dit.

M. Harper faisait campagne à Vancouver. Seul événement à son horaire, jeudi: un discours devant des membres de la communauté chinoise de la ville. Il a donc utilisé ce discours pour faire sa déclaration sur les réfugiés syriens. Puis, il s'est concentré sur son public.

Il a parlé de son bilan en matière d'immigration. Il a vanté son bilan économique, particulièrement l'accent mis sur le commerce international. Il a souligné la signature d'un accord avec la Chine sur la promotion et la protection des investissements étrangers. Cet accord est entré en vigueur il y a un an.

Le chef libéral, lui, était à Woodbridge, en Ontario et, pour la seconde journée consécutive, faisait campagne avec un ministre provincial ontarien. M. Trudeau s'est montré optimiste. «Au hockey, hier soir, l'équipe rouge a battu l'équipe bleue et je vais m'inspirer de ça», a-t-il dit à la blague, faisant référence à la victoire du Canadien de Montréal contre les Maple Leafs, à Toronto.

Le chef néo-démocrate était à nouveau à Toronto. Il ne se laissait pas décourager par les récents sondages. En réponse à une question sur sa dégringolade dans les intentions de votes, M. Mulcair a rappelé qu'en 2011, à 11 jours des élections, certains sondages nationaux l'annonçaient quatrième au Québec.

On se souvient de la vague orange qui a suivi.

M. Mulcair continuait donc sa campagne jeudi avec la même stratégie: celle de s'en prendre à ses deux rivaux, conservateur et libéral, en les mettant dans le même panier.

Devant des partisans néo-démocrates, M. Mulcair a cité la loi C-51 qui donne aux autorités plus de pouvoirs de surveillance des citoyens afin de contrer le terrorisme, le projet de pipeline Keystone XL, les réductions d'impôts aux grandes entreprises et le pillage de la caisse d'assurance-emploi.

«Libéraux et conservateurs, même combat!», a lancé M. Mulcair. Puis, il a conclu que le seul vrai choix pour un changement, le 19 octobre, c'est son parti.

En fin de journée, MM. Trudeau et Duceppe devaient enregistrer l'émission «Tout le monde en parle» pour diffusion dimanche.

Lorsqu'on a demandé au chef libéral ce qu'il y fera pour charmer les téléspectateurs québécois, il a répété que les électeurs choisiront, soulignant que M. Harper «n'est pas du tout aligné ni avec les valeurs, ni avec les priorités des Québécois et des autres Canadiens».

Pendant ce temps, M. Duceppe affichait de plus en plus de confiance pour le 19 octobre, affirmant que «la bonne stratégie, c'est la nôtre». Le chef du Bloc québécois réagissait ainsi à des déclarations de Serge Cadieux, secrétaire général de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ).

M. Cadieux a déclaré en entrevue avec La Presse Canadienne qu'il ne voyait pas le besoin d'adapter sa stratégie électorale anti-conservateur à la suite de la dégringolade des néo-démocrates dans les sondages au Québec.

Pas question, donc, de revenir avec l'allié traditionnel, le Bloc québécois, même si la formation remonte dans les intentions de vote mesurées par les sondages.