Au moment où le Nouveau Parti démocratique chute dans les sondages, Stephen Harper a fait une démonstration de force à Québec, mercredi soir. Un rassemblement de 600 personnes dans lequel il a présenté son parti comme le seul capable de bannir le niqab dans les cérémonies de citoyenneté.

Le premier ministre sortant a prononcé un discours presque entièrement en français, flanqué de 47 candidats québécois. Il n'a pas manqué de rappeler son opposition au port du niqab lors de la prestation du serment de citoyenneté.

« Dans la clarté du jour et dans l'égalité, notre position là-dessus, qui est celle de la grande majorité des Québécois, c'est juste le gros bon sens », a martelé le chef conservateur.

M. Harper a promis de réintroduire une loi pour interdire le port du voile dans les cérémonies de citoyenneté. Son gouvernement avait déposé un projet de loi à cet effet lors du dernier jour de travaux parlementaires, en juin, mais l'initiative est morte avec le déclenchement des élections.

« Seul un gouvernement conservateur est capable de faire adopter une telle législation », a-t-il déclaré.

Il s'agissait du huitième passage de Stephen Harper au Québec depuis le déclenchement des élections. C'était aussi son troisième arrêt dans la Vieille Capitale, une région où la lutte se joue principalement entre le NPD et le PCC.

Environ 650 personnes ont participé au rassemblement, selon un décompte fourni par le Parti conservateur.

M. Harper a reconnu que plusieurs électeurs sont attirés par la « tentation du changement ». Mais il a présenté son parti comme le seul à pouvoir diriger le pays en période d'instabilité.

Ignorant complètement le Bloc québécois, il a multiplié les attaques contre ses adversaires néo-démocrates et libéraux.

« Ne vous faites pas d'illusion, ces deux partis ne sont pas fraîchement tombés du ciel, a-t-il ironisé. Ils ont une histoire et elle est loin d'être rassurante. »

Il a reproché au Parti libéral d'avoir enregistré des « déficits incontrôlables » et, plus récemment, d'avoir été à l'origine d'un des « pires exemples de détournement des fonds publics de l'histoire moderne », une allusion au scandale des commandites.

« Le NPD, lui, a semé la désolation et le découragement dans presque toutes les provinces où il a formé un gouvernement, a ajouté M. Harper. En Colombie-Britannique, dans les provinces de l'Ouest, en Ontario, le NPD a laissé derrière lui des promesses en l'air, des économies ravagées, des promesses brisées. »

Sondages

La visite du chef conservateur survenait deux jours après la publication d'un sondage Abascus selon lequel le NPD a glissé au troisième rang dans les intentions de vote au pays. Même si le parti de Thomas Mulcair demeurait en tête au Québec, ses appuis avaient fondu de 47 % à 30 % dans la province depuis le 11 septembre.

La dégringolade du NPD a commencé après le refus de Thomas Mulcair de dénoncer une décision de la Cour d'appel fédérale dans la cause de Zunera Ishaq. Cette femme avait contesté avec succès une directive ministérielle interdisant le port du niqab pendant la prestation de serment. La Cour d'appel fédérale a refusé d'entendre l'appel du gouvernement conservateur.

Le chef libéral, Justin Trudeau, a adopté la même position que M. Mulcair.

L'irruption du débat sur le niqab est considérée comme un tournant majeur dans la campagne de 78 jours.