Stephen Harper ne veut pas dire quelle concession il a fait, s'il en a fait, à la table de négociations du Partenariat transpacifique (PTP).

Le chef conservateur était dans la région de Toronto, mardi matin, pendant que des dizaines de fermiers manifestaient sur la Colline parlementaire à Ottawa, avec leurs tracteurs et leurs vaches, inquiets de ce qui se trame aux négociations du PTP, à Atlanta.

Et pendant que le premier ministre sortant tente de calmer le jeu, en offrant le moins d'information possible, ses ministres publient des communiqués vantant l'utilité du PTP pour certaines industries.

Ainsi, a-t-on eu droit, mardi, aux déclarations spontanées, par écrit, du ministre des Ressources naturelles et de la ministre des Pêches et des Océans.

Plusieurs s'attendent à ce que cette entente de libre-échange entre 12 pays aboutisse vendredi. Et les agriculteurs craignent que le gouvernement canadien y sacrifie le système de la gestion de l'offre.

Des représentants de l'Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec et des ministres du gouvernement Couillard font d'ailleurs le voyage jusqu'à Atlanta où se déroulent les négociations cette semaine, pour mettre de la pression sur le ministre fédéral du Commerce international, Ed Fast, qui s'y rend, on suppose, pour finaliser l'exercice.

À un arrêt de campagne électorale, mardi matin à Vaughan en Ontario, M. Harper s'est contenté de répéter que son gouvernement agit dans le meilleur intérêt de toutes les industries canadiennes et qu'il a toujours protégé le système de la gestion de l'offre.

Le chef conservateur a ajouté un nouvel argument pour rassurer les inquiets: c'est le Canada qui décidera du sort de son système de gestion de l'offre, a-t-il dit, pas des pays étrangers, refusant de dire si Ottawa avait fait des concessions à ce chapitre.

À Winnipeg, son rival libéral n'a pas voulu s'engager dans le débat qui s'enflamme autour de la signature possible d'un PTP. Justin Trudeau a souligné que M. Harper conduit ces négociations dans le plus grand secret. Il n'a donc pas voulu se prononcer sur des concessions hypothétiques que le Canada serait en train de faire.

En campagne à Iqaluit, le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, a délégué ses candidats. Ainsi, Mathieu Ravignat, député sortant du comté de Pontiac, s'est-il présenté à la manifestation sur la colline pour signifier son appui aux agriculteurs et au maintien de la gestion de l'offre telle quelle. Sa collègue Ruth Ellen Brosseau publiait un communiqué pour tenir le même discours.

Le chef du Bloc québécois, en campagne à Montréal, a déclaré que ce dossier l'inquiète. Gilles Duceppe a rappelé qu'aucun des autres chefs n'avait voulu s'engager, comme il le leur avait demandé lors du débat en français, jeudi dernier, à refuser de signer le PTP si la gestion de l'offre n'était pas maintenue intégralement.

Promesses et objectifs

Le chef libéral a promis 200 millions par an, pendant trois ans, pour soutenir les incubateurs et les accélérateurs d'entreprises et pour financer de la recherche dans le but de développer les produits à exporter de petites entreprises.

Il a également promis 100 millions par an, pendant trois ans, pour un programme d'aide à la recherche industrielle.

Le chef conservateur, lui, avait un objectif, plutôt qu'une promesse électorale, à présenter mardi.

Reprochant à ses rivaux de se contenter de parler de logement social, M. Harper a brandi le nombre de nouveaux propriétaires dans les 10 dernières années comme un succès de son gouvernement. Et il a annoncé son objectif pour les cinq années à venir: 700 000 nouveaux propriétaires d'ici 2020.