Profitant de l'absence momentanée de ses principaux adversaires de l'arène électorale, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Thomas Mulcair a dévoilé dimanche son plan de lutte contre les changements climatiques.

M. Mulcair a promis d'établir une tarification du carbone afin de rétablir la crédibilité du Canada au chapitre de la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Selon lui, la réputation du pays dans ce domaine a été mise à mal par les précédents gouvernements libéraux et conservateurs.

Le chef néo-démocrate s'est engagé à fixer des objectifs nationaux ambitieux pour la réduction des émissions des gaz à effets de serre (GES), affirmant vouloir les réduire de 34 % sous les niveaux de 1990 d'ici 2030, et de 80 % d'ici 2050.

Son plan comprend également l'établissement d'une bourse du carbone, mais il a refusé de dire à l'avance quel serait le coût de cette tarification, affirmant que le prix du carbone serait déterminé par le marché. Les revenus engendrés par cette bourse seraient cédés aux provinces pour qu'elles les réinvestissent dans leurs propres programmes de lutte contre les GES.

Un gouvernement néo-démocrate permettra par ailleurs aux provinces de se retirer du programme fédéral si le leur obtient des résultats égaux ou supérieurs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

«[Nous établirons] l'objectif pour le pays en entier. Je ne suis pas en faveur de réinventer la roue, a insisté M. Mulcair, en citant le Québec et l'Ontario en exemple. Mais le gouvernement fédéral doit poser des objectifs nationaux pour que le Canada fasse sa part [dans la lutte contre les changements climatiques] et cesse de tergiverser.»

Les autres partis ont cherché à s'attaquer à la crédibilité de M. Mulcair dans le domaine de l'environnement.

Le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe, qui a applaudi certains aspects du plan, particulièrement les cibles établies, n'a pu s'empêcher de constater les apparentes contradictions d'un parti qui présente un plan de lutte contre les gaz à effets de serre (GES) tout en appuyant des projets d'acheminement du pétrole par oléoduc comme Énergie-Est ou par train jusqu'à Belledune, au Nouveau-Brunswick. «Ce sont deux projets qui augmentent les GES. Comment peut-on se glorifier d'avoir un plan pour limiter les GES et approuver deux projets qui les augmentent? Ce n'est pas le seul dossier qui manque de cohérence», a-t-il souligné.

M. Duceppe a aussi dit qu'il aurait préféré que M. Mulcair prône une approche continentale plutôt que territoriale. «[M. Mulcair] parle d'une bourse pancanadienne. Nous, on croit qu'il est plus souhaitable d'établir une bourse à l'échelle nord-américaine. Il faut que toutes les provinces canadiennes et le Québec fassent partie d'une telle bourse qui a déjà commencé entre le Québec et la Californie.»

Le conservateur Denis Lebel a dit craindre que le plan ne serve qu'à hausser les taxes.

Quant aux libéraux, ils ont choisi de ne discuter d'aucun des éléments du plan du NPD. Ils ont plutôt préféré attaquer personnellement M. Mulcair en affirmant qu'il «avait échoué en tant que ministre de l'Environnement du Québec».

«Thomas Mulcair est prêt à dire n'importe quoi pour arriver à ses fins. En matière de changements climatiques, ce qu'il propose aujourd'hui ressemble beaucoup à ce qu'il critiquait il y a tout juste quelques mois», a déclaré la candidate libérale dans la circonscription de Vancouver-Granville, Jody Wilson-Taybould, dans un communiqué.

Les conservateurs ont aussi lancé des flèches vers le chef libéral Justin Trudeau. Deux candidats vedettes, Tony Clement et Julian Fantino, ont notamment affirmé que les déficits envisagés par les libéraux allaient «déstabiliser» l'économie.

Stephen Harper et Justin Trudeau s'étaient accordé une pause pour se préparer en vue du débat sur la politique étrangère organisé par Munk Debates, lundi soir.