Justin Trudeau accuse bloquistes et conservateurs d'instrumentaliser le niqab à des fins politiques. Gilles Duceppe s'en défend. Stephen Harper tente de faire oublier qu'il a parlé de regrets européens et oublie un chantier maritime. Thomas Mulcair dit ne rien regretter de ses 35 ans de vie publique dans lesquels ses adversaires vont pêcher des moments embarrassants.

Au 51e jour de la campagne électorale fédérale, les chefs de parti tentaient de mettre leurs discours à l'abri des critiques, avec plus ou moins de succès.

Lundi matin, à Longueuil, le chef du Bloc québécois a soutenu qu'il est tout à fait légitime de débattre du niqab en campagne électorale.

«C'est un enjeu de société. Et en politique, normalement, on s'occupe des enjeux sociaux. Moi, je pense que la place de la femme dans la société, c'est un enjeu majeur», a plaidé M. Duceppe.

C'est que son rival libéral venait de lui reprocher, à lui et à Stephen Harper, d'encourager des «discussions polarisantes».

«Cette politique sur le niqab ne va pas créer un seul emploi (...), n'est pas une solution aux vrais problèmes auxquels les Canadiens font face», faisait remarquer M. Trudeau.

Quelques heures plus tard, Denis Lebel envoyait un communiqué pour annoncer que les avocats du gouvernement avaient «déposé des documents judiciaires» dans la cause sur le niqab, manifestant le désir des conservateurs de garder ce débat bien en vue.

M. Trudeau, de passage à Toronto, a dû, lui, se défendre des attaques de son rival conservateur qui cherche à ridiculiser la promesse libérale d'annuler l'achat des F-35, de se procurer des avions militaires à un meilleur prix et de transférer les économies ainsi réalisées vers la construction de navires militaires.

«Nous faisons déjà de la construction de navires», a avancé M. Harper, aussi en campagne en Ontario. «Tous nos chantiers maritimes ont du travail par-dessus la tête», a-t-il dit, oubliant du même coup le chantier naval Davie qui a crié famine pendant des mois à Lévis, là où deux députés conservateurs, Jacques Gourde et Steven Blaney, cherchent à se faire réélire.

Le chef conservateur n'a pas voulu expliquer une autre déclaration qui a fait tiquer ses auditeurs, dimanche, à Windsor. «Les autres gars (...) auraient pris le genre de décisions que d'autres pays sont en train de regretter», a-t-il dit à la foule, en parlant de la crise des réfugiés en Europe.

Lundi matin, il n'a pas voulu dire de quel pays il parlait, ni ce que ces pays regrettent au juste. Il s'est contenté de dire que les Canadiens regardent les émissions d'information et constatent que l'approche canadienne est équilibrée, à la fois «généreuse» et «prudente et responsable».

Pendant ce temps, Thomas Mulcair, à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, a maintenu que les attaques de ses adversaires ne le déstabilisaient pas. Ces derniers jours, certains ont déterré quelques déclarations passées, retrouvant même une blague de Newfie que M. Mulcair a lancée alors qu'il siégeait à l'Assemblée nationale.

«Ils vont tout faire pour essayer d'empêcher un nouvel arrivant qui risque de brouiller les cartes pour eux autres», a-t-il dit de ses adversaires, affichant calme et sourire.

Le chef néo-démocrate était moins souriant quand il a dû expliquer pourquoi il a choisi un candidat néo-écossais dénoncé par les Acadiens de la province.

La communauté acadienne reproche à Ross Landry d'avoir participé, en 2013, à la refonte des comtés provinciaux, noyant les Acadiens dans des comtés devenus majoritairement anglophones. «C'est une assemblée législative dûment élue qui a pris une décision. Je vous avoue que ça leur appartient», a offert M. Mulcair, insistant sur son propre passé à défendre les minorités linguistiques du pays.

Les promesses

M. Mulcair était à Dartmouth pour promettre de meilleurs services aux anciens combattants, s'il devient premier ministre. Un gouvernement néo-démocrate présenterait aussi des excuses aux militaires qui ont été chassés de l'armée à cause de leur orientation sexuelle.

M. Harper était à St. Jacobs, en Ontario, à une foire des magasins de quincaillerie Home Hardware. Il s'est tenu devant une affiche de cette entreprise pour promettre, s'il est réélu, de rendre permanent un crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire.

M. Trudeau, à Toronto, a promis, dans les 100 premiers jours d'un gouvernement libéral, de consulter les provinces pour mettre sur pied un nouveau «cadre national en matière d'éducation préscolaire et de garde d'enfants». Les libéraux assurent que ce «cadre» n'empiéterait pas sur les compétences des provinces.