Le chef du NPD, Thomas Mulcair, a balayé dimanche du revers de la main les déclarations faites par ses ex-collègues du cabinet de Jean Charest sur un événement central de sa carrière politique: la vente de terrains du mont Orford.

Dans un article de La Presse paru samedi, l'ex-vice-première ministre, Monique Gagnon-Tremblay, et son ex-collègue à l'Éducation, Pierre Reid, indiquaient tous deux que Thomas Mulcair, alors ministre de l'Environnement, était de prime abord d'accord avec la vente des terrains. «Tom essayait de nous convaincre qu'il fallait vendre», a déclaré M. Reid à La Presse.

Le chef néo-démocrate a réagi à ces interventions publiques pour la première fois dimanche. «C'est assez curieux, mais le tout est tellement public... Je vais réitérer ce qui est connu de tout le monde: on m'a demandé de privatiser une partie du parc pour donner des terrains à des promoteurs privés pour construire des condos. J'ai expliqué à mes collègues et au premier ministre que cela était illégal», a-t-il indiqué lors d'un point de presse à Saint-Jean, à Terre-Neuve. J'ai refusé de signer le décret. J'ai quitté le conseil des ministres en me tenant debout sur cette question de principe.»

Donc, ses deux ex-collègues ne disent pas la vérité? «Ce que je vous dis, c'est que les documents sont publics. Vous pouvez les lire, a-t-il lancé. Ma carrière est celle de quelqu'un qui s'est toujours tenu debout pour le Québec.»

Mais son passé a continué de poursuivre Thomas Mulcair en cette cinquantième journée de campagne. Un candidat libéral local dans la circonscription de St. John's-Est, Nick Whalen, a réclamé des excuses de la part du chef néo-démocrate pour des déclarations faites il y a près de 20 ans à l'Assemblée nationale. Lors d'un débat avec le Parti québécois sur la stratégie référendaire des souverainistes, M. Mulcair avait qualifié la proposition péquiste de «newfie».

Évidemment, à Terre-Neuve, cette insulte frappe dur. «C'est une erreur que j'ai faite il y a vingt ans, dans le feu du débat. Je m'étais excusé à l'époque et je répète aujourd'hui ces excuses sans réserve. Ce n'était pas le meilleur choix de termes». Le candidat libéral a accepté ces excuses.

Attaques contre Harper

M. Mulcair a profité d'un discours devant une assemblée de militants pour s'en prendre à Stephen Harper, qui, dit-il met en opposition «les Canadiens de vieille souche et les autres Canadiens». 

«Honte, honte!», ont scandé les militants.

Plus tard, en point de presse, M. Mulcair a continué ses attaques contre le chef conservateur sur la question. «Un de ses candidats a dit que les femmes musulmanes devraient toutes retourner d'où elles viennent. Et un autre candidat a dit que les gens à la peau brune étaient des voleurs d'emplois. Et il a signé leurs papiers de candidature!»

Le chef du NPD a cependant évité de condamner les déclarations de son propre personnel, qui comparait une publicité du Bloc québécois au Front national. «Les gens doivent comprendre que la loi exige qu'une femme qui porte le niqab se dévoile avant de pouvoir devenir citoyenne. Le vrai sujet de la campagne, ce sont les politiques de peur et de division de Stephen Harper.»

Thomas Mulcair était en visite à Terre-Neuve toute la journée. Son parti détient deux des sept sièges de la province, alors que quatre autres sont plutôt dans le giron libéral. Les libéraux sont des adversaires de taille pour le NPD ici: le chef libéral, Justin Trudeau, était d'ailleurs lui aussi de passage dans la région.  Le premier ministre de la province, Paul Davis, pourtant un conservateur, a pris position contre le parti de Stephen Harper. 

En matinée, le chef du NPD en a profité pour taquiner la morue à bord d'un bateau de pêche. L'entreprise s'est soldée par la prise... d'un tout petit poisson. Puis, sur l'heure du lunch, M. Mulcair a participé à un rassemblement partisan dans la circonscription de St. John's-Est, où près de 750 militants sont venus l'accueillir. 

Sur place, à la grande joie des militants, le chef du NPD a notamment annoncé qu'il rouvrirait le centre de recherche maritime ainsi que les centres de communication de la garde côtière, fermés par le gouvernement Harper.

«Terre-Neuve mérite un gouvernement qui croit en cette province, a-t-il lancé aux militants. Il est temps que les décisions en matière de pêcheries ne soient plus prises en fonction de la politique, mais plutôt en fonction de la science et de la préservation des stocks de poisson», a-t-il déclaré.