Au lendemain du deuxième débat de la campagne, Stephen Harper a dû se justifier d'avoir parlé de «Canadiens de vieille souche», les opposant aux autres Canadiens. Et ses deux rivaux qui avaient pourtant laissé passer l'expression sans commentaires jeudi soir l'ont vertement critiquée vendredi.

Au cours du débat sur l'économie, tenu jeudi à Calgary, le chef conservateur défendait sa décision d'avoir limité l'accès aux soins de santé pour les demandeurs d'asile. Cette décision a d'ailleurs été jugée illégale par les tribunaux.

M. Harper a alors dit que ceux qui font des demandes de statut de réfugié ne devraient pas recevoir de meilleurs soins de santé que les «Canadiens ordinaires». Il ajoutait que sa position reçoit l'appui de la plupart des «nouveaux» Canadiens, des Canadiens «actuels» et des «Canadiens de vieille souche».

Vendredi matin, au cours du point de presse quotidien, on lui a demandé de mieux définir toutes ces catégories de Canadiens.

S'il n'a pas repris l'expression «Canadiens de vieille souche», il a cependant repris sa nomenclature.

«C'est une position qui reçoit largement l'appui de la population canadienne», a-t-il dit à propos du retrait des soins de santé aux demandeurs d'asile. «Elle est appuyée par les Canadiens qui sont eux-mêmes des immigrants et aussi par le reste d'entre nous, par les Canadiens qui sont des descendants d'immigrants depuis une génération ou plus», a ajouté M. Harper.

Les chefs des partis d'opposition n'ont pas manqué de déplorer son choix de termes.

«Le premier ministre Harper a parlé de »Canadiens de vieille souche«. Ce sont des mots qui sèment la discorde. Je pense que nous sommes tous canadiens. Et je n'aime pas diviser les Canadiens par catégorie, comme ça», a offert le chef néo-démocrate Thomas Mulcair, sans attendre que la question soit soulevée dans un point de presse, à Regina.

«M. Harper est en train de souligner, encore une fois, qu'il ne croit pas qu'un Canadien est un Canadien (...), qu'il y a différentes catégories de Canadiens», a lancé le chef libéral Justin Trudeau, de passage à Montréal. «Ce n'est pas seulement insultant, c'est nuisible pour le pays que nous construisons», a-t-il dit à propos de l'expression lâchée la veille par M. Harper.

Le chef conservateur était encore à Calgary pour y souligner les efforts de son gouvernement pour les victimes d'actes criminels, vendredi matin.

Il s'est ainsi engagé à doubler le financement des Centres d'appui aux enfants et des Centres d'appui aux enfants et aux adolescents, qui coordonnent les enquêtes, les poursuites et le traitement en cas de crime contre les enfants.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) était à Regina pour promettre un programme d'assurances pour l'achat de médicaments prescrits, se gardant toutefois de l'appeler officiellement un programme national d'assurance médicaments.

M. Mulcair promet de travailler avec les provinces afin de faciliter l'achat à un moindre coût des médicaments prescrits. Il calcule que l'économie pour les provinces serait de l'ordre de 3 milliards par année.

Le chef libéral était de passage à Montréal pour un court rassemblement à l'aéroport qui porte le nom de son père. C'est là qu'il a brandi bien haut la Charte des droits et libertés pour reprocher à M. Harper son mot et aussi un geste.

Les conservateurs ont demandé la suspension du jugement en faveur de la femme qui veut porter son niqab en prêtant serment de citoyenneté. Le gouvernement Harper demande à la Cour suprême de se pencher sur l'affaire. Selon M. Trudeau, les conservateurs vont bien loin pour empêcher une seule femme de voter contre Stephen Harper.

De son côté, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est plutôt rangé du côté de M. Harper dans ce dossier, soulignant l'unanimité de l'Assemblée nationale face au niqab.

Il s'est par ailleurs fait l'apôtre de la «justice fiscale» en proposant de faire passer le taux d'imposition des banques de 15 à 20%, et celui des compagnies pétrolières, de 15 à 16,5 pour cent, en trois ans. La mesure permettrait d'engranger des revenus de 4 milliards, selon les chiffres du Bloc.