Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a tiré à boulets rouges sur ses adversaires politiques, samedi, en attaquant tantôt le chef libéral pour des déductions fiscales qu'il a reçues dans le passé, tantôt les conservateurs pour leur ingérence alléguée dans le procès du sénateur déchu Mike Duffy.

En matinée, les néo-démocrates Charlie Angus et Alexandre Boulerice ont accusé Justin Trudeau d'avoir lui-même profité du fractionnement de ses revenus dans des PME afin d'alléger son fardeau fiscal - une pratique que le chef libéral a dénoncée plus tôt cette semaine.

Justin Trudeau a été propriétaire de trois entreprises enregistrées au pays, notamment JPJT Canada Inc., mise sur pied pour gérer les revenus qu'il percevait quand il donnait des conférences, parfois pour des cachets atteignant 15 000 $ par événement.

«[Justin Trudeau] a-t-il utilisé une compagnie à numéro pour éviter lui-même de payer de l'impôt?», a ainsi demandé Alexandre Boulerice.

Sa question faisait vraisemblablement référence à un article du Ottawa Citizen qui révélait cette semaine que le chef libéral a pu profiter de déductions d'impôts grâce à JPJT Canada Inc., une entreprise qui a engrangé des revenus de 1,3 million de dollars entre 2006 et 2012.

«Il a été élu en 2008 et il a continué à agir comme conférencier payé. Il recevait des cachets pour aller parler aux gens», a rappelé M. Boulerice.

L'histoire avait fait grand bruit pendant la course à la direction du Parti libéral, en 2013. À l'époque, la commissaire à l'éthique Mary Dawson avait déclaré que les 277 000 $ empochés par M. Trudeau pour des conférences données alors qu'il était député ne posaient pas problème. Justin Trudeau a finalement remboursé une partie de ces sommes. 

Samedi, un porte-parole du parti a rappelé la position de Justin Trudeau, qui affirme «avoir toujours suivi toutes les règles». 

Le député sortant de Papineau a été la cible de plusieurs attaques cette semaine pour avoir déclaré qu'une proportion importante des PME servent les Canadiens plus riches qui y fractionnent leurs revenus pour payer moins d'impôt.

«Quand on prend les exceptions et qu'on essaie d'en faire la règle, c'est être déconnecté de la réalité. On insulte des gens qui travaillent très fort», a répliqué M. Boulerice, non sans reconnaître le problème de l'évasion fiscale et avancer que le programme du NPD contiendra des mesures de lutte contre celle-ci.

Ingérence dans le procès Duffy?

Le NPD est aussi revenu sur des révélations de la chaîne CTV à la fin du mois d'août. On y apprenait que l'actuel responsable de la gestion des enjeux au Bureau du premier ministre (BPM), Nick Koolsbergen, avait discuté, la tête recouverte d'un capuchon, avec son prédécesseur, Chris Woodcock, pendant les pauses du procès de M. Duffy.

«Les échanges allégués entre des membres du Bureau du premier ministre et des témoins du procès ont de quoi inquiéter les Canadiens», a indiqué la porte-parole du NPD en matière de Justice, Françoise Boivin, par voie de communiqué. «On savait déjà que Nigel Wright était impliqué dans cette affaire. Mais au fur et à mesure qu'avance le procès, il semble que d'autres employés du BPM y aient participé, dont le chef de cabinet actuel du premier ministre, Ray Novak.»

Au cours du procès criminel du sénateur Mike Duffy, l'ex-avocat du premier ministre Benjamin Perrin a témoigné que Ray Novak était présent lors de deux discussions concernant le chèque de 90 000 $ que l'ancien chef de cabinet de Stephen Harper Nigel Wright aurait signé afin de rembourser des dépenses que le sénateur Duffy aurait indûment réclamées.

En campagne, le chef conservateur a réitéré sa confiance en Ray Novak. Mais Stephen Harper a admis que Mike Duffy avait produit des factures qui avaient été payées par les contribuables pour participer à de nombreuses activités de financement du parti, ont rappelé les libéraux samedi. 

«Maintenant, on refile aux Canadiens la facture de l'enquête criminelle et des poursuites engagées contre M. Duffy pour abus de confiance», a dénoncé le candidat libéral Adam Vaughan, en point de presse à Ottawa. 

Le Parti libéral réclame le remboursement des sommes empochées, à tort selon lui, par Mike Duffy au profit du Parti conservateur.

« Alors que nous montrons l'exemple en matière de transparence et de reddition de compte, a réagi un porte-parole du Parti conservateur, le NPD refuse de rembourser les 2,7 millions de dollars qu'il doit aux contribuables canadiens relativement aux bureaux satellites illégaux qu'il utilisait à des fins partisanes. Pour leur part, les libéraux ont pris 40 millions de dollars aux payeurs de taxes du Canada et ont manipulé ces fonds publics dans des enveloppes brunes pour des fins politiques durant le scandale des commandites. Ils n'ont rien repayé. Nous allons continuer à protéger l'économie contre les Libéraux et contre le NPD. »