Au 39e jour de la campagne électorale, mercredi, les esprits se sont échauffés, encore une fois, dans une salle remplie de militants conservateurs. Et encore une fois, ce sont les journalistes qui étaient la cible de la colère des partisans de Stephen Harper.

Les journalistes en étaient à la quatrième question, sur les cinq permises quotidiennement par la campagne du Parti conservateur. Et parce que celle-là, comme deux précédentes, portait sur les réfugiés, les militants se sont mis à huer.

«Combien d'enfants se sont noyés dans des piscines au Canada cet été? Blâmez-vous le gouvernement pour ça?», a crié un homme pour faire taire la journaliste qui posait cette quatrième question.

Depuis que la photo d'un garçon syrien, Alan Kurdi, échoué sur une plage turque, a fait le tour de la planète, des politiciens au Canada et à travers le monde se sont engagés à accélérer l'accueil de réfugiés syriens. Mais pas Stephen Harper.

«Nous parlons d'une zone de guerre terroriste d'où beaucoup de ces gens viennent», a encore insisté le chef conservateur, mercredi, répétant que pour la sécurité du pays, il faut prendre le temps de filtrer les réfugiés.

Plus tôt dans la journée, le chef libéral avait reproché à M. Harper ce discours qu'il répète depuis le début de la semaine.

«M. Harper ne fait que chercher des excuses pour ne rien faire», a lancé Justin Trudeau.

M. Trudeau a rappelé les épisodes du passé où, de Wilfrid Laurier à Joe Clark, la question de la sécurité n'a pas empêché le Canada d'ouvrir ses portes aux réfugiés ukrainiens, hongrois, ismaéliens ou vietnamiens.

Campagne en Ontario

Les deux chefs libéral et conservateur, tout comme Thomas Mulcair, faisaient campagne en Ontario, mercredi.

À Toronto, M. Trudeau promettait un meilleur accès au logement abordable.

À Niagara Falls, le chef néo-démocrate promettait une plus grande aide à l'industrie automobile et assurait que cette nouvelle promesse ne l'empêchera pas d'atteindre l'équilibre budgétaire.

«Elles seront chiffrées, dans le détail» a dit M. Mulcair de toutes ses promesses. «Et nous ferons ça rapidement. Mais (...) il y a encore un certain nombre de bonnes nouvelles que nous voulons annoncer aux électeurs canadiens avant de faire ça», a-t-il expliqué.

À Welland, avant le court point de presse dont se sont mêlés ses militants, M. Harper avait eu, devant public, une discussion sur l'économie avec un représentant de la Chambre de commerce de l'Ontario.

Du côté du Bloc et des Verts

«De grandes idées, de nouvelles idées», a lancé Elizabeth May en brandissant sa plateforme électorale. La leader du Parti vert s'est vantée d'être la première des chefs en campagne à soumettre sa plateforme et les dépenses qui s'y attachent.

Parmi ses promesses: étendre la couverture publique des soins de santé à l'achat de médicaments sous ordonnance, investir 6,4 milliards $ par année en infrastructures municipales, et créer un système de redevances sur le carbone tout en redistribuant, sous forme de dividendes, les fonds ainsi générés à tous les Canadiens adultes.

Mme May dit que ses chiffres assurent un budget équilibré et une diminution des émissions de gaz à effet de serre.

«C'est une plateforme pour tous les Canadiens (...) particulièrement les gens qui n'ont jamais pensé voter vert (...) et particulièrement pour les 40 pour cent qui ont décidé de ne pas voter (dans les dernières élections) parce que les autres partis n'offrent rien», a-t-elle dit au cours d'un point de presse à Vancouver.

Gilles Duceppe, lui, faisait campagne à Montréal, mercredi. Il s'en est pris à l'intention de Postes Canada de cesser la livraison du courrier à domicile. Et il a assuré que des députés bloquistes pourraient faire changer d'avis à la société d'État.

«Le Bloc a obtenu l'imposition d'un moratoire à la fermeture des bureaux de poste en région, et à chaque fois que Postes Canada revenait à la charge (...), le Bloc québécois faisait reculer le gouvernement», a fait valoir M. Duceppe, citant ses victoires passées à Ottawa.