L'état de santé de l'économie canadienne, officiellement tombée en récession durant les six premiers mois de l'année selon Statistique Canada, a dominé les échanges entre les divers chefs des partis politiques toute la journée mardi, chacun faisant valoir son remède pour limiter les dégâts.

Et ces échanges musclés risquent de se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine, car l'agence nationale doit dévoiler vendredi d'autres données économiques importantes, soit le taux de chômage pour le mois d'août.

Mardi, Statistique Canada a confirmé que l'économie canadienne était tombée en panne durant les six premiers mois de l'année - ce qui constitue la définition d'une récession - après une contraction de 0,5% en rythme annualisé du PIB au deuxième trimestre et un recul de 0,8% au premier trimestre.

Le Canada connaît ainsi sa deuxième récession en six ans après la difficile crise économique de 2008 et 2009. De toute évidence, le Canada, qui est le cinquième producteur de pétrole de la planète, subit de plein fouet le contrecoup de la chute des prix du pétrole depuis un an et devient ainsi le seul pays du G7 à être en récession cette année.

De courte durée

Les économistes s'attendaient à de tels résultats décevants pour la première moitié de l'année. Mais la majorité d'entre eux s'attendent à ce que cette récession soit de courte durée, d'autant plus que l'économie des États-Unis, le principal partenaire commercial du Canada, croît à un rythme plus important que prévu. La croissance de l'économie américaine s'est en effet établie à 3,7% en rythme annualisé au deuxième trimestre.

Le recul du PIB au Canada au deuxième trimestre a d'ailleurs été moins marqué que ne le prévoyaient la moyenne des analystes, qui s'attendaient à une contraction de 0,8%. En revanche, Statistique Canada a révisé le repli du premier trimestre, initialement annoncé à 0,6%.

En outre, Statistique Canada a fait état d'un rebond de 0,5% du PIB en juin par rapport à mai, un signe que la récession pourrait être déjà terminée. Les chiffres du PIB de juillet, qui seront dévoilés en octobre, deux semaines avant le scrutin fédéral du

19 octobre, pourraient donc être déterminants pour l'avenir du gouvernement conservateur de Stephen Harper, au pouvoir depuis 2006 et en quête d'un quatrième mandat.

Rappelons que la Banque du Canada a procédé à deux baisses d'un quart de point de son taux directeur depuis le début de l'année pour stimuler l'économie, et celui-ci s'établit maintenant à 0,50%. Elle prévoit que la croissance de l'économie canadienne en 2015 atteindra 1,1%.

Maintenir le cap

Rapidement après l'annonce des données sur la croissance négative de l'économie canadienne, le chef conservateur Stephen Harper a tenté de souligner les aspects positifs du rapport de l'agence fédérale, tandis que les autres chefs ont souligné à l'unisson que ces données sont une autre preuve qu'un changement s'impose à Ottawa.

M. Harper s'est dit encouragé de voir que l'économie canadienne avait pris du mieux en juin. Il a soutenu que cela est la preuve que son plan d'action économique donne des résultats probants et a ajouté qu'il faut donc maintenir le cap.

«Le fait est que plus de 80% de l'économie canadienne est en croissance. Et l'économie dans son ensemble est maintenant en croissance selon les données de juin... C'est la réalité de la situation. Ce sont de bonnes nouvelles», a-t-il dit lors d'un point de presse dans la région de Hamilton, dans le coeur manufacturier de l'Ontario.

M. Harper a ajouté que ces données sont la preuve que son plan fonctionne et que tout changement de cap s'avérerait désastreux pour l'économie canadienne, qui s'enliserait dans «une récession permanente».

«Les chiffres d'aujourd'hui démontrent l'impérieux besoin d'avoir un changement à Ottawa», a rétorqué le chef du NPD, Thomas Mulcair, de passage mardi à Kelowna, en Colombie-Britannique. «On ne peut pas continuer avec la façon de faire de M. Harper, c'est un échec.»

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a soutenu que son parti est le seul à s'engager à prendre des mesures pour relancer l'économie. Il a rappelé sa promesse d'investir 60 milliards de plus sur

10 ans dans les infrastructures afin de créer des emplois. Toutefois, les Canadiens devraient accepter des déficits frisant les 10 milliards de dollars au cours des trois prochaines années. Le retour à l'équilibre serait atteint en 2019-2020.