S'il remporte les élections le 19 octobre, le chef du Parti libéral Justin Trudeau s'engage à négocier avec les provinces une nouvelle entente à long terme sur le financement des soins de santé qui tiendrait compte de la hausse des coûts que doivent absorber les provinces et du vieillissement de la population.

Dans une lettre de quatre pages qu'il a fait parvenir au premier ministre du Québec Philippe Couillard, hier, M. Trudeau affirme que «les transferts aux provinces constituent un enjeu de première importance dans les relations fédérales-provinciales. Contrairement à M. [Stephen] Harper, je n'entends pas traiter cette question de manière unilatérale».

La lettre de M. Trudeau, que La Presse a obtenue, est une réponse à la missive qu'a envoyée la semaine dernière M. Couillard aux chefs de tous les partis politiques dans le cadre de la campagne électorale fédérale, dans laquelle il leur demande un engagement «clair» quant à un certain nombre de dossiers, dont le transfert en matière de santé, la péréquation, le pouvoir fédéral de dépenser, les changements climatiques, le financement de Radio-Canada, le projet de loi antiterroriste et le péage sur le pont Champlain, entre autres.

M. Trudeau est le premier des chefs à répondre à M. Couillard. Le chef du NPD Thomas Mulcair compte aussi donner suite à la lettre du premier ministre du Québec au cours des prochains jours, indique-t-on. On ignore toutefois les intentions du chef conservateur Stephen Harper.

Dans sa lettre, M. Trudeau affirme qu'un gouvernement libéral respectera «l'esprit fédéral» et les compétences des provinces, soulignant que «les défis auxquels nous faisons face ne peuvent être résolus uniquement à partir d'Ottawa. Ils exigent un vrai partenariat entre le gouvernement fédéral et les provinces et une vision fédérale qui respecte les compétences du Québec et de toutes les provinces. Cela nécessite un dialogue continu».

Engagements

Concrètement, le chef libéral s'est donc engagé, s'il prend le pouvoir, à:

> tenir une rencontre annuelle avec les premiers ministres des provinces;

> revoir les modalités de la péréquation, si le cadre fiscal le permet;

> respecter le droit de retrait d'une province d'un programme fédéral avec pleine compensation;

> effectuer «des investissements substantiels» dans les infrastructures;

> inviter les premiers ministres des provinces à l'accompagner à la Conférence de Paris sur les changements climatiques en décembre;

> protéger la gestion de l'offre dans le cadre de négociations de libre-échange;

> augmenter le financement de Radio-Canada;

> nommer des juges bilingues à la Cour suprême du Canada.

M. Trudeau n'a toutefois pas précisé dans sa lettre la position de son parti sur la question du péage sur le pont Champlain.

«Le Parti libéral du Canada reconnaît qu'étant donné le caractère unique de la société québécoise, le gouvernement du Québec a des responsabilités particulières. Si mon parti est porté au pouvoir, les Québécois peuvent être assurés que mon gouvernement respectera cette réalité et travaillera avec enthousiasme, de concert avec votre gouvernement, à promouvoir le fait français et la culture québécoise, au Canada et à l'étranger. Cela fait partie de qui nous sommes en tant que Canadiens», a aussi écrit M. Trudeau.