Des quatre principaux chefs à l'élection fédérale, seul le premier ministre Stephen Harper n'a pas encore officiellement accepté l'invitation du maire Denis Coderre à visiter à l'hôtel de ville de Montréal pour se prononcer sur les priorités de la métropole québécoise. Le Parti conservateur l'invite plutôt à se tourner vers son lieutenant au Québec, Denis Lebel.

Le cabinet du maire a envoyé une invitation officielle aux chefs des quatre principaux fédéraux à briguer les suffrages. Pour l'heure, Thomas Mulcair (Nouveau parti démocratique), Justin Trudeau (Parti libéral du Canada) et Gilles Duceppe (Bloc québécois) ont répondu positivement à l'offre, confirmant qu'ils feraient un arrêt au 275 Notre-Dame Est.

Toujours sans nouvelle du Parti conservateur du Canada, Denis Coderre a réitéré ce matin son invitation à Stephen Harper à le visiter, espérant que celui-ci prendra en considération le gouvernement de proximité que représente la Ville de Montréal. «Nos portes sont ouvertes.»

Au Parti conservateur, on ne ferme pas la porte à une visite de Stephen Harper, mais on invite le maire Coderre à s'adresser à Denis Lebel qui fait campagne pour les conservateurs au Québec. «La personne qui a responsabilité d'entretenir des relations avec le maire de Montréal, c'est plutôt son lieutenant politique au Québec, M. Lebel», a indiqué Catherine Loubier, porte-parole du Parti conservateur. Celle-ci ajoute que les deux hommes ont une «excellente relation», s'étant rencontrés à plusieurs reprises.

Si Harper doit visiter Coderre, sa visite sera annoncée à la dernière minute, prévient Mme Loubier. «On n'annonce pas à l'avance notre horaire.»

Denis Coderre veut profiter de ces rencontres «sans partisanerie» pour présenter les priorités de son administration auprès du gouvernement fédéral. «On va passer des messages, les inviter à se prononcer.»

Les points de discorde de Montréal avec Ottawa sont nombreux depuis quelques années. Denis Coderre s'oppose farouchement à la décision de Postes Canada de mettre fin à la livraison à domicile, invitant le gouvernement fédéral à invalider ce changement de service. Le maire veut aussi convaincre Ottawa de ne pas implanter un péage sur le futur pont Champlain, dont le chantier est en cours. Montréal réclame aussi de pouvoir implanter sur son territoire des sites d'injection supervisés, projet auquel s'oppose fortement Ottawa, malgré l'appui de Québec et l'existence de tels centres à Vancouver.

L'administration Coderre souhaite également récupérer la gestion du Vieux-Port de Montréal afin d'en assurer le développement. Des documents obtenus par La Presse ont toutefois démontré qu'Ottawa n'avait nullement l'intention de céder ceux-ci.

«S'il veut qu'on réalise ses projets, il peut nous réélire. On a la preuve qu'on a livré la marchandise pour Montréal», dit Catherine Loubier. Le Parti conservateur cite en exemple l'annonce la semaine dernière d'un investissement de 30 millions du fédéral pour l'illumination du pont Jacques-Cartier en 2017. Le financement pour 10 ans du Grand Prix de Formule 1 à Montréal, le nouvel édifice pour l'Office national du film dans le Quartier des spectacles et l'agrandissement du Musée des beaux-arts.

«Nous continuerons avec notre approche du fédéralisme d'ouverture et du respect des compétences dans le futur, contrairement à la vision centralisatrice de Justin [Trudeau]», poursuit Mme Loubier.

Le maire de Montréal prévient qu'il compte se faire entendre tout au long de la campagne fédérale, la première en 27 ans à laquelle cet ex-député fédéral ne participe pas personnellement. «Il y aura un agenda de Montréal», a-t-il déclaré. Il ne sera pas le seul à plaider la cause des villes puisque la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et l'Union des municipalités du Québec (UMQ) présenteront aussi des revendications.

Le maire en a profité pour ironiser sur la durée des élections fédérales, en disant que «ça passe vite, il reste juste 75 jours».