La «liste d'épicerie» de Philippe Couillard sera plutôt classique pour cette campagne électorale fédérale. Le premier ministre prévoit pour le moment écrire aux chefs fédéraux afin de formuler cinq principales demandes. Il réclamera en outre qu'ils acceptent de reconnaître le caractère spécifique du Québec dans la Constitution... le temps venu. Sa liste reprendra des thèmes connus de la part d'un chef de gouvernement québécois, comme la péréquation et les transferts en santé. Tour d'horizon des revendications de Québec depuis 10 ans, à l'occasion de quatre élections fédérales.

2015



Philippe Couillard profitera soit du congrès des jeunes libéraux, les 15 et 16 août, soit du caucus de son parti deux semaines plus tard pour présenter officiellement ses demandes aux chefs fédéraux. Dans son entourage, on indique que, selon ce qui est sur la table pour le moment, cinq principales demandes, plutôt classiques, seront inscrites dans la lettre destinée aux leaders en campagne. M. Couillard réclamera un engagement des chefs fédéraux pour reconnaître, le temps venu, le caractère spécifique du Québec dans la Constitution.

Il n'est pas question qu'il demande formellement des négociations constitutionnelles. Si Ottawa ou des provinces veulent en lancer, pour abolir ou réformer le Sénat, par exemple, son gouvernement exigerait que les demandes traditionnelles du Québec soient sur la table pour y participer. Philippe Couillard veut également que les transferts fédéraux en santé soient calculés en fonction de la démographie et non par personne, afin de tenir compte du vieillissement de la population, qui est important dans certaines provinces comme le Québec et qui exerce une pression à la hausse sur les coûts. Québec se dit pénalisé à l'heure actuelle.

M. Couillard réclamera aussi une révision du programme de péréquation, un plus grand financement des infrastructures et un engagement plus soutenu et concerté dans la lutte contre les changements climatiques. Il avait donné un avant-goût de ses demandes en mai dernier. Il avait lui-même qualifié sa liste de «petite».

2006



Le premier ministre Jean Charest se joint à ses homologues provinciaux du Conseil de la fédération pour faire des demandes aux chefs. Dans une lettre, ils réclament entre autres la reconnaissance et le règlement du déséquilibre fiscal, de même qu'un accord sur le rôle des provinces dans les activités internationales du Canada touchant leurs compétences. Dans une entrevue à La Presse, M. Charest salue les engagements du chef conservateur Stephen Harper pour régler le déséquilibre fiscal et donner au Québec la possibilité de participer aux institutions internationales comme l'UNESCO - promesses qui seront tenues. M. Harper «va dans la direction que l'on souhaite. Les Québécois en prendront acte», dit-il. Il se défend toutefois d'appuyer son ancienne formation politique. «Ma participation à la campagne fédérale est faite dans la perspective des intérêts des Québécois. Elle n'est pas partisane.»

2008



Jean Charest se fait très revendicateur. Il présente 10 demandes «prioritaires». Il réclame l'encadrement du pouvoir fédéral de dépenser, la maîtrise d'oeuvre en culture et communications, le transfert des budgets en formation de la main-d'oeuvre pour les jeunes, les travailleurs âgés et les personnes handicapées. Il critique au passage des mesures mises en branle par le gouvernement Harper: la commission pancanadienne des valeurs mobilières, la réforme du Sénat, l'abolition du registre des armes à feu et celle de la loi sur les jeunes contrevenants. Irrité, Stephen Harper ne répond pas à sa lettre - il ne le fera pas davantage par la suite.

2011



Jean Charest réduit ses attentes. Cette fois, il formule cinq demandes seulement: le maintien de la croissance des transferts aux provinces, la reconstruction du pont Champlain, la création d'un train à haute vitesse dans l'axe Québec-Windsor, la relance du chantier naval de la Davie et le versement d'une compensation de 2,2 milliards pour l'harmonisation de la TVQ à la TPS. Dans le dernier cas, les conservateurs ont aussitôt promis d'aller de l'avant. Après leur élection, ils ont envoyé un premier chèque en 2013, un second l'année suivante.