Les maisons de sondage ont connu de très bonnes performances pendant cette campagne électorale. Même que pour ce qui est du vote au Québec, elles ont obtenu des résultats qui «sont non seulement à l'intérieur de la marge d'erreur, mais mieux encore, presque parfaits».

Telle est l'analyse qu'en fait Claire Durand, professeure titulaire au département de sociologie de l'Université de Montréal, si passionnée de sondages qu'elle a tenu un blogue sur le sujet pendant toute la campagne électorale.

Pour ce qui est des résultats pour l'ensemble du Canada, «c'est pile-poil pour le NPD, pour le PLC et pour le Bloc, mais il y a une sérieuse sous-évaluation de l'intention de vote pour le Parti conservateur. Pas énorme, mais juste assez pour modifier les résultats par siège».

En fait, comme le fait remarquer Mme Durand, aucun sondage n'avait placé le Parti conservateur au-dessus de la barre de 40% dans la dizaine de jours précédant les élections - si ce n'est, dit-elle, d'un sondage Compas, qui lui accordait 46%, mais sous-évaluait nettement le Parti libéral.

Dans les faits, le Parti conservateur a obtenu 44,4%.

Cette sous-évaluation du vote de droite dans les sondages est récurrente, indique Mme Durand. Elle peut s'expliquer par le fait que les électeurs conservateurs révèlent moins leurs intentions de vote, qu'ils collaborent moins aux sondages ou par le fait que les partisans conservateurs - notamment leurs jeunes - votent en plus grand nombre que ceux des autres partis.

«La sous-estimation du vote conservateur est un «vieux problème» qu'il faudra continuer à avoir en tête», fait observer Mme Durand.

Jaideep Mukerji, vice-président aux affaires publiques d'Angus Reid, poussait en tout cas un soupir de soulagement, hier, après un exercice qu'il qualifie de «Coupe Stanley» des sondeurs.

Il note lui aussi que sa firme a bien réussi au Québec «surtout en ce qui concerne l'écart entre le NPD et le Bloc», de même qu'en Ontario, bien qu'elle aussi ait légèrement sous-estimé la performance des conservateurs.