Jack Layton est devenu le chef de l'opposition officielle, mais il exercera ce rôle contre un gouvernement majoritaire. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) ne pourra donc plus menacer de défaire le gouvernement pour faire avancer ses demandes. Malgré tout, M. Layton croit détenir aujourd'hui un pouvoir important.

«Ce n'est pas vrai que l'opposition ne peut pas influencer l'agenda du gouvernement dans un système parlementaire de modèle Westminster», a-t-il soutenu cet après-midi en point de presse à Toronto.

Mais il semble miser plus sur la pression du public que sur son travail parlementaire. Il explique qu'il essaiera de mobiliser l'opinion publique pour influencer le gouvernement Harper. «Il y a environ 60% des Canadiens qui n'ont pas voté pour les conservateurs. C'est une grande majorité», a-t-il rappelé.

Lorsqu'ils étaient minoritaires, les conservateurs ont été reconnus coupables deux fois d'outrage au Parlement. Une première dans l'histoire canadienne. Aujourd'hui, ils sont majoritaires.

M. Layton fait-il confiance à M. Harper dans ce nouveau contexte? Le nouveau chef de l'opposition officielle n'a pas répondu à la question, qui lui a été posée à plusieurs reprises. Il a simplement dit «espérer» que le premier ministre soit plus conciliant, malgré son nouveau mandat. «Je prends M. Harper à son mot quand il dit qu'il veut travailler avec les autres partis», a-t-il ajouté.

Le chef du NPD a répété le message très simple qu'il martèle depuis le début de la campagne: il va s'occuper des intérêts des «familles canadiennes» et demander au gouvernement d'engager plus de médecins, sortir les aînés de la pauvreté et atténuer la hausse du coût de la vie.

L'inexpérience, un atout?

Le NPD a fait élire pas moins de 58 députés au Québec. Parmi eux, on compte quatre étudiants de McGill et plusieurs autres néophytes de la politique. Il s'agit d'une bonne chose, selon M. Layton. Il soutient que c'est le visage du changement. «Les gens ont voté pour du changement, ils ne voulaient pas la même Chambre des communes. Ils voulaient quelque chose de nouveau», a-t-il argué.

Il rappelle aussi que le Manitobain Bill Blaikie avait été élu à seulement 22 ans. En 2008, à son départ, il était le doyen de la chambre.

M. Layton a aussi refusé de critiquer Ruth Ellen Brosseau, qui baragouine le français et travaille dans un pub de l'Université Carleton. À quelque 300 kilomètres de la circonscription qu'elle représente maintenant. Mme Brosseau était aussi en vacances à Las Vegas durant la campagne.

«Elle a été choisie par ses commettants. On va travailler avec elle pour qu'elle offre les services essentiels», a-t-il indiqué. M. Layton ajoute qu'elle devra apprendre le français, la langue parlée à la maison par 98% des citoyens qu'elle représente maintenant.

La nouvelle voix du Québec

M. Layton pense qu'il remplira ses promesses envers le Québec. «Les vents du changement soufflaient très forts au Québec. Les gens voulaient une nouvelle approche dans leurs relations avec Ottawa et la politique fédérale. Nous avons reçu une opportunité, et nous la prenons très sérieusement», a-t-il affirmé.

«Ça me touche très profondément. Je le prends comme une responsabilité très, très importante. Le Québec est une partie si importante de notre pays. J'ai toujours dit que je voulais travailler pour créer les conditions gagnantes pour le Québec dans le Canada. Maintenant, ce travail commence.»