Malgré des sondages difficiles et un adversaire tenace, le Bloc québécois reste confiant de défaire l'ex-animateur de radio André Arthur, qui «manque de respect» aux électeurs en conduisant un autobus durant la campagne selon Gilles Duceppe.

André Arthur, qui est chauffeur d'autobus en plus de ses fonctions de député de Portneuf-Jacques-Cartier, a conduit hier un autobus pour un aller-retour Québec-Alma, selon Le Soleil. Pour le chef du Bloc québécois, il s'agit d'un «manque de respect» envers ses électeurs. «Est-ce qu'il fait une campagne nationale?, ironise le chef bloquiste. Moi aussi je suis en autobus, mais c'est pour faire de la politique.»

«C'est un manque de respect, continue Gilles Duceppe à propos de la campagne d'André Arthur. Notre devoir en démocratie, c'est de respecter les gens. Ça passe d'abord par faire campagne. Dire ce qu'on pense, penser ce qu'on dit. Une campagne électorale est un exercice démocratique exceptionnel. On est chanceux de vivre en démocratie.»

Élu pour la première fois en 2006, André Arthur tente d'obtenir un troisième mandat comme député indépendant de Portneuf-Jacques-Cartier. Il est engagé dans une lutte à trois avec le Bloc québécois et le NPD. Selon un sondage CROP-Le Soleil publié jeudi dernier, le NPD obtient 31%, André Arthur 29% et le Bloc 28%. Les conservateurs n'ont pas présenté de candidat dans le comté en 2008 ni cette année.

Le candidat bloquiste Richard Côté a perdu contre M. Arthur par seulement 662 votes en 2008. «Je suis fier d'avoir Richard, un candidat qui est présent et qui fait campagne. De façon ordinaire, ce serait normal de dire ça, mais on n'est pas dans une situation normale», dit Gilles Duceppe, qui s'est déplacé dans le comté de Portneuf-Jacques-Cartier pour la deuxième fois de la campagne cet après-midi.

M. Arthur est conducteur d'autobus une journée par semaine. Ce métier rémunéré s'ajoute à son salaire annuel de 157 000$ comme député. Le député indépendant utilise cet autre emploi pour rencontrer du «vrai monde». Il fait aussi des publicités pour Monsieur Balayeuse. Durant la dernière session parlementaire, il a manqué 44 journées de vote et n'a prononcé que 22 mots.

L'ex-animateur de radio de la région de Québec n'est pas complètement absent de la campagne électorale. Il a notamment participé à un rassemblement conservateur à Québec jeudi soir dernier. Aux journalistes présents, il a fait son analyste de la campagne, qualifiant le NPD de «parti d'extrémistes». Il s'explique mal la vague d'appui au NPD. «Les gens qui veulent voter pour (le candidat du NPD) sont des gens qui veulent exprimer quelque chose que je n'arrive pas facilement à définir, a-t-il expliqué. [C'est] peut-être une forme de rejet de l'ensemble de la classe politique.»

André Arthur a aussi remarqué la «déconfiture du Bloc».  «Les citoyens ont cherché autre chose et ils ont vu M. Layton qui, au demeurant, a l'air d'un monsieur sympathique», dit M. Arthur, qui poursuit pour 400 000$ Radio-Canada et le chroniqueur politique de La Presse Vincent Marissal qui l'a traité de «gros cave» à l'émission Tout le monde en parle. L'ex-animateur de radio a lui-même été qualifié «d'aboyeur public» par la Cour suprême du Canada dans une autre cause.

Aux prises avec une vague néo-démocrate dans les sondages au Québec (celui de ce matin dans La Presse donne une avance de 19% au NPD), Gilles Duceppe se sert de l'exemple d'André Arthur afin de mettre l'emphase sur la qualité de ses propres candidats. «Les électeurs doivent constater qu'il y a des gens présents, enracinés dans leur milieu, dit le chef bloquiste. Voilà ce que sont nos candidats.»

Le NPD a deux candidats qui ont passé une grande partie de la campagne en vacances à l'extérieur du pays: Ruth-Ellen Brosseau (Berthier-Maskinongé) à Las Vegas et Isabelle Maguire (Richmond-Arthabaska) à Paris. Gilles Duceppe sera d'ailleurs dans le comté de Berthier-Maskinongé plus tard aujourd'hui.

Le chef du NPD Jack Layton a défendu ses candidats absents, blâmant plutôt le système électoral. «Nous n'avons pas une date fixe pour les élections, a-t-il dit plus tôt cette semaine. C'est ça le problème pour les familles et les gens du vrai monde.»

La chef péquiste Pauline Marois, qui accompagne Gilles Duceppe dans la caravane bloquiste aujourd'hui, croit aussi en la force de l'équipe du Bloc québécois. «Les gens parfois peuvent se laisser séduire par qui semble nouveau et différent, dit-elle à propos du NPD. J'ai un message: un seul parti qui a mis ton talent et ton intelligence au service des intérêts des Québécois.»

- Avec la collaboration de Paul Journet et Le Soleil