Jack Layton assure qu'un gouvernement néo-démocrate ne s'ingérerait pas dans la Banque du Canada, qui doit demeurer une institution indépendante. «Le consensus veut que la Banque du Canada doive rester à l'abri d'une intervention du gouvernement. Nous sommes en accord avec cela», a indiqué Jack Layton ce midi en point de presse à Kamloops.

M. Layton essayait de corriger les impressions laissées par ses déclarations faites mercredi à Reuters. Il avait affirmé que la Banque du Canada ne devrait pas hausser les taux d'intérêts. Cela heurterait la création d'emploi et alourdirait la dette des familles, prévenait-il. Or, la Banque du Canada doit rester à l'abri du politique.

«Quand on discute de l'économie et qu'on nous demande une opinion, c'est correct d'affirmer ce que pensent une majorité de Canadiens. Mais soyons très clairs: c'est au gouverneur de la Banque du Canada de décider», a affirmé M. Layton.

Il explique que le NPD voudrait seulement influencer les taux d'intérêts des cartes de crédit, ce qui ne relève pas de la Banque centrale. «Les Canadiens ont atteint un taux d'endettement record. Nous voulons les aider avec les outils disponibles pour un gouvernement», a-t-il précisé ce midi.

La veille, M. Layton disait aussi s'inquiéter de la valeur du huard, qui a atteint sa plus haute valeur depuis plus de trois ans, ce qui désavantage les exportateurs. Il s'était toutefois gardé de dire si le huard devrait être baissé.

L'expression «Jack Layton, premier ministre» devient moins frivole, alors que les derniers sondages permettent de croire que le NPD pourrait diriger un gouvernement de coalition dans la prochaine législature. Et cela semble inquiéter les marchés.

Le dollar a diminué légèrement mercredi. Des analystes ont interprété cela comme étant une réaction à la montée du NPD. «Les marchés n'ont pas tendance à aimer l'incertitude. Alors peut être que cela explique l'hésitation d'acheter (des valeurs) canadiennes», a affirmé Shane Enright, directeur principal des ventes étrangères à la CIBC à Toronto.

Le NPD n'est pas populaire auprès des grandes entreprises. Le parti de gauche souhaite abolir les baisses d'impôts accordées par les conservateurs. Le taux d'imposition a été baissé à 16,5%, et il passera à 15% l'année prochaine. Le NPD voudrait le ramener à 19,5%. M. Layton promet néanmoins de maintenir le taux d'imposition des grandes entreprises (provincial et fédéral cumulé) inférieur à celui des États-Unis.

M. Layton propose en contrepartie de baisser de 11% à 9% le taux d'imposition des PME, car ce sont elles qui créent l'emploi, selon lui.

«Ingérence», dit Ignatieff

Les libéraux ont vivement dénoncé les propos de Jack Layton.

«La menace du NPD de s'ingérer dans la politique monétaire indépendante met à risque la croissance économique et les emplois», ont-ils déclaré dans un communiqué de presse diffusé vendredi.

Le parti de Michael Ignatieff a réitéré son appui à une Banque du Canada indépendante.

«Jack Layton menace maintenant de s'ingérer dans les politiques monétaires. Pas si vite, Jack», ont-ils lancé.

«En remettant en question l'indépendance de la Banque du Canada, Jack Layton ramène des politiques économiques déchues qui suggèrent que l'on peut sacrifier notre engagement envers un taux d'inflation bas. Un taux élevé d'inflation aurait un effet catastrophique sur l'économie canadienne perturbée par un déficit de 45 milliards de dollars.

- Avec Hugo de Grandpré