Jean Chrétien a presque complètement ignoré le NPD, mercredi soir, lors d'un discours prononcé à Toronto pour prêter main-forte à Michael Ignatieff.



La soirée, qui se tenait dans une circonscription traditionnellement sûre pour les libéraux, a commencé par un appel à l'aide lancé par le député sortant, Ken Dryden. «Avant de commencer, j'aimerais vous demander quelque chose», a-t-il dit aux quelque 1500 militants présents.

«Au niveau national, nous avons besoin d'aide. Et localement, j'ai besoin de votre aide. Chacun de vous, vous tous, emmenez cinq amis aux urnes pour vous assurer qu'ils y arrivent. Enrôlez-vous comme volontaire le jour des élections», a-t-il exhorté.

Devant les sondages qui montrent une remontée constante du NPD depuis quelques jours, et une baisse équivalente de leur formation, les libéraux affirment que la lutte n'est pas terminée, puisque leur base militante les aidera à «sortir le vote».

Contre Harper

Le discours de Jean Chrétien, suivant celui de l'ancien gardien de but du Canadien, s'est inscrit dans cette même logique.

S'attaquant surtout aux conservateurs de Stephen Harper, l'ancien premier ministre a énuméré les apports du gouvernement libéral au cours des dernières décennies: le drapeau canadien, la Charte des droits et libertés, l'hymne national, le multiculturalisme...

«La politique fait une différence», a-t-il insisté.

«Aujourd'hui, je suis un peu inquiet, a-t-il néanmoins confié. J'ai passé 40 années dans la vie publique. Et j'ai peur que le pays que mes petits-enfants et vos petits-enfants auront ne soit peut-être pas celui que j'aurais voulu et que vous auriez voulu qu'ils aient.»

À peu près la seule attaque que M. Chrétien a dirigée directement vers le NPD a touché la récente incursion de Jack Layton dans le débat constitutionnel: «J'ai jeté un coup d'oeil à la plateforme du NPD. Personne ne l'avait il y a quelques jours encore!» a-t-il dit en anglais en toute fin de discours, soulevant l'hilarité générale.

«Ce qui est surprenant, c'est qu'ils ont voté pour la Loi sur la clarté, vous vous en souvenez? Et maintenant, ils sont confus quant à la clarté de la loi.»

«Troisième période»

La campagne est loin d'être jouée et les sondages ne sont que des détails, a quant à lui affirmé Michael Ignatieff, mercredi.

Pourtant, un autre sondage décourageant pour les libéraux a été rendu public en après-midi: le coup de sonde de la firme Forum Research auprès de plus de 3000 répondants a placé le NPD à seulement trois points derrière les conservateurs (31% contre 34%), loin devant les libéraux, à 22%.

«Ce n'est pas représentatif de la réalité, a toutefois tranché Michael Ignatieff. Le Parti libéral va se présenter le 2 mai. C'est ce qui importe. Tout le reste, ce sont des détails.»

«Nous sommes au milieu de la troisième période, ici, a-t-il ajouté. Et je suis absolument convaincu que les Canadiens vont se réveiller le 2 mai et se dire: nous avons besoin d'un gouvernement.»

Et malgré les mauvaises nouvelles qui s'accumulent, il a continué à plaider en faveur d'un gouvernement libéral lors du discours qu'il a prononcé après celui de Jean Chrétien. «Le NPD ne peut pas former le gouvernement», a-t-il à nouveau martelé. Selon lui, seuls les libéraux peuvent remplacer le gouvernement Harper.