Un important stratège conservateur a quitté l'équipe de campagne de Stephen Harper après une charge à fond de train du PDG de Quebecor Pierre Karl Péladeau, qui l'accusait d'avoir diffusé de fausses informations. Le Parti conservateur a confirmé mercredi que Patrick Muttart «n'occupe plus de poste» au sein de la campagne de son chef.

«Il ne joue plus de rôle dans notre campagne», a déclaré le porte-parole conservateur Alykhan Velshi, à partir du bunker électoral conservateur, à Ottawa.

Oeuvrant en coulisse, M. Muttart a été un acteur clé des victoires électorales de Stephen Harper en 2006 et en 2008. Il a aussi occupé le poste de chef de cabinet adjoint du premier ministre, avant d'être embauché par une firme de relations publiques américaine.

L'homme est récemment revenu travailler pour la campagne conservatrice en tant que consultant qui «offrait des conseils sur l'envoi de messages et sur les stratégies», selon M. Velshi.

Un appel à la boîte vocale du bureau de M. Muttart, à Chicago, où il travaillerait durant la campagne, n'a pas suscité de retour d'appel.

Mardi, M. Péladeau, le grand patron de Quebecor et de la chaîne Sun Media a accusé Patrick Muttart d'avoir fourni de fausses informations à ses médias. Ces renseignements indiquaient que le chef libéral Michael Ignatieff avait participé à la planification de l'intervention militaire américaine en Irak, déclenchée en 2003.

En 2003, M. Ignatieff était un professeur à l'Université Harvard, qui a publiquement appuyé la décision de l'administration Bush d'envahir l'Irak. Le chef libéral a qualifié son soutien initial à l'invasion d'«erreur» en 2007, à l'instar de plusieurs autres personnalités qui avaient, à l'origine, appuyé la tentative menée par les États-Unis pour renverser Saddam Hussein.

Stephen Harper, alors chef de l'opposition officielle, avait lui aussi appuyé l'invasion, et avait critiqué le gouvernement libéral en place pour ne pas s'être tenu aux côtés de leur allié américain.

«Le document suggérait qu'au lieu d'avoir été un observateur, ainsi qu'il l'a écrit dans une lettre à l'éditeur envoyée au New York Times, M. Ignatieff était plutôt à l'avant-plan et sur le terrain d'une base d'opérations avancées au Koweït, aidant le Département d'État américain et des responsables militaires américains dans leurs sessions stratégiques», a écrit M. Péladeau.

«M. Muttart a également fourni une image numérique d'un homme ressemblant énormément à Michael Ignatieff, portant un uniforme militaire américain et brandissant une arme, photo qui aurait été prise au Koweït en décembre 2002.»

M. Péladeau a ajouté que les mauvaises informations faisaient partie des «hasards de l'information» et que les protocoles internes de ses médias «avaient évité l'impensable». Il n'explique cependant pas ce que ces protocoles auraient pu éviter.

Bien que les journaux de Sun Media n'aient jamais publié la photo controversée, ils ont cependant publié un article alléguant que Michael Ignatieff avait aidé les États-Unis en tant que stratège militaire en prévision de l'invasion irakienne.