S'il réclame que les Canadiens lui accordent le 2 mai les pleins pouvoirs d'un gouvernement majoritaire, Stephen Harper estime que les électeurs devraient toujours se réserver le droit de remettre en question les décisions de leurs dirigeants.

Appelé à donner les raisons pour lesquelles les Canadiens devraient lui faire confiance, le chef du Parti conservateur a souligné qu'il ne réclamait pas une confiance aveugle de la population.

«Dans une société démocratique, les électeurs ne sont pas censés donner leur confiance absolue à un chef. Il faut toujours poser des questions», a dit M. Harper, qui mène une campagne hermétique, à l'opposé de ses adversaires qui tiennent des forums publics et font des bains de foule.

Dans le passé, les critiques ont souvent accusé le chef conservateur d'avoir un programme secret en matière d'orientations sociales, sur des questions comme la peine de mort ou l'avortement. Mais depuis qu'il réclame incessamment sa majorité, M. Harper répète qu'il n'entend pas rouvrir ces débats.

Lors de la campagne électorale de 2008, à une semaine du vote, il avait affirmé que le gouvernement canadien ne retomberait pas dans le rouge, promettant même un surplus budgétaire. Or, quelques mois plus tard, Ottawa avait engrangé le déficit le plus important, en dollars, de l'histoire du pays.

Le bilan économique

«Ce qu'on dit aux électeurs, c'est que sous le leadership de ce gouvernement, le Canada s'est concentré sur l'économie. Les autres partis ont brisé la confiance des Canadiens en déclenchant des élections dont personne ne voulait, a martelé M. Harper, de passage en Colombie-Britannique. Pour éviter d'autres élections, le choix est évident, il faut faire confiance au gouvernement qui a le meilleur bilan parmi les économies avancées majeures.»

Le chef conservateur a toutefois omis de mentionner que les partis de l'opposition ont renversé son gouvernement parce que ce dernier a été reconnu coupable d'outrage au Parlement, une première dans l'histoire politique canadienne.

Qui écopera?

M. Harper entend maintenant faire des coupes dans l'appareil public pour économiser 4 milliards de dollars annuellement (5% des dépenses d'exploitation), une promesse contenue dans sa plateforme électorale, mais absente du budget présenté deux semaines plus tôt.

Interrogé pour savoir où il trouverait ces milliards, le chef conservateur a encore une fois été incapable de donner des exemples précis.

«Je pense que c'est un devoir, quand on voit une augmentation dramatique dans les 15 dernières années des dépenses opérationnelles, c'est un devoir du gouvernement de trouver des économies, s'est contenté de dire M. Harper. Nous avons présenté au Parlement un plan budgétaire, accepté par les experts, qui va avoir pour résultat un budget équilibré en 2015. On cherche seulement des économies dans la bureaucratie pour accélérer ce processus.»

Dans les dernières semaines, il a affirmé qu'il voulait notamment économiser en profitant du départ à la retraite de 80 000 employés de la fonction publique.

Mais au rythme actuel des mises à la retraite, il faudrait de huit à neuf ans, alors que les conservateurs ont promis de se rendre à 4 milliards d'économies d'ici trois ans. Qui plus est, la fonction publique fédérale serait démunie de plus du quart de ses employés, qui ne seraient pas remplacés.