Alors que certains néo-démocrates rêvent d'une première véritable percée au Québec, le NPD compte-t-il des candidats «ministrables»? «Il y en a plein», a assuré Jack Layton, hier, de passage au marché Jean-Talon.

En fait, il a réussi à en nommer six en point de presse.

Évidemment, Thomas Mulcair à Outremont, le deuxième député néo-démocrate de l'histoire du Québec. Les cinq autres: Françoise Boivin (Gatineau), ancienne députée libérale à Ottawa; Roméo Saganash (Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou), directeur des relations avec le Québec au Grand Conseil des Cris; Nycole Turmel (Hull-Aylmer), première femme présidente de l'Alliance de la fonction publique du Canada; Tyrone Benskin (Jeanne-Le Ber), vice-président de l'Alliance des artistes canadiens du cinéma, de la télévision et de la radio; et enfin, M. Layton a aussi mentionné le candidat qui était à ses côtés, Alexandre Boulerice (RosemontLa-Petite-Patrie), un ancien journaliste de TVA et conseiller en communication au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ).

Aux dernières élections, le NPD accusait moins de 2000 votes de retard dans Gatineau. La lutte s'annonce encore une fois serrée cette année. Mais dans les autres circonscriptions, le défi sera colossal, car le retard du NPD sur le vainqueur en 2008 était de plus de 8000 votes en Abitibi, de plus de 9000 votes à Hull-Aylmer Abitibi, de plus de 10 000 votes dans Jeanne-Le Ber et de près de 20 000 votes dans Hull-Aylmer.

Et le NPD n'avait pas connu un mauvais scrutin en 2008: il s'agissait de la deuxième performance à vie du parti (37 députés), derrière seulement les 43 députés en 1988.

Selon le dernier sondage Angus Reid, le NPD se classe deuxième au Québec, avec 24% des intentions de vote. Il s'agit du meilleur résultat de son histoire. Mais en raison du mode de scrutin, selon les dernières projections, seul M. Mulcair serait élu.

Malgré tout, M. Layton espère que sa performance aux deux débats des chefs lui permettra de renverser cette lourde tendance. «Ce n'est plus vrai, cette histoire qu'il n'existe que deux choix pour former le gouvernement.»

Prêt à rouvrir la constitution?

Par ailleurs, Jack Layton a dit hier regretter que le Québec n'ait pas signé la Constitution. Il se montrait ouvert à rouvrir les négociations constitutionnelles. Mais il a refusé hier de détailler les modifications qu'il pourrait proposer pour que le Québec rentre dans le giron constitutionnel. «C'est prématuré», a-t-il dit hier matin à Montréal avant de s'envoler à Charlottetown.

«On ne veut pas entrer dans les détails d'une discussion constitutionnelle. On veut créer les conditions pour qu'une telle discussion soit possible», a-t-il soutenu.

M. Layton répète qu'il voudrait créer sa propre version des «conditions gagnantes» afin de permettre de reprendre les négociations. Il croit que ces conditions seraient créées simplement en protégeant le français dans les entreprises et institutions de compétence fédérale, en exigeant le bilinguisme des juges de la Cour suprême et en respectant les compétences provinciales.