Les militants néo-démocrates distribuaient leurs tracts oranges cet après-midi aux East Coast Music Awards, mais un visage restait aussi rouge que son T-shirt et sa pancarte.

Ashley MacIsaac, artiste idiosyncratique de la folk canadienne et ambassadeur culturel des Maritimes, accueillait à sa façon Jack Layton (échantillon de son oeuvre ici et ici).

«Je pensais venir à un événement musical. Mais quand j'ai vu que Jack Layton y participait, je me suis rendu quelques coins de rue plus loin au local du candidat libéral (Sean Casey) et j'ai pris cette pancarte», a-t-il raconté à La Presse.

Masqué par ses grandes lunettes fumées noires sous lesquelles on cherchait en vain une trace de sourire, le violoniste a brandi sa pancarte libérale bien droite à l'arrivée de Jack Layton.  Il a toutefois respectueusement gardé le silence.

«Je n'ai rien de mal à dire contre Jack Layton. Cinq des 10 meilleurs députés du Parlement sont des néo-démocrates. Mais en fait, c'est malheureux qu'ils soient des néo-démocrates, car ils ne formeront jamais le gouvernement», a-t-il expliqué.

MacIsaac ne veut plus vivre sous un gouvernement conservateur. Il croit que seuls les libéraux peuvent bloquer les conservateurs. Et il y a aussi la «menace séparatiste» qui l'inquiète.

«Je reviens d'Australie, j'ai vu le gouvernement de coalition là-bas. Je ne pense pas que ce serait une bonne chose ici, surtout pas avec des séparatistes qui détiendraient la balance du pouvoir».

Il assure toutefois qu'il ne s'agit pas seulement d'un vote de protestation. «Plusieurs choses dans la plateforme libérale m'intéressent. Par exemple, j'aime leurs mesures pour prendre soin des personnes âgées» raconte-t-il.

Les libéraux utilisent parfois sa pièce Wing Stock pour leurs rassemblements. En 2006, il s'était très brièvement présenté è la course à la chefferie des libéraux. MacIsaac voudrait replonger plus tard en politique. « Mais je n'ai que 36 ans, dit le Néo-Écossais. Je veux faire de la musique pendant encore quelques années. »

Jack Layton avait déjà participé avec le violoniste à une activité caritative pour les sans-abri. Il n'a pas paru trop irrité par l'accueil. «Ashley MacIsaac est un bon gars, je l'adore quand il utilise son archet », a-t-il lancé en souriant dans un point de presse près du pont de la Confédération.

Il a ajouté: «Contrairement à M. Harper, nos événements son ouverts à tous, même ceux qui ne sont pas d'accord avec nous. Ça crée des discussions.»