Considéré comme un moment-clé de la campagne électorale, le premier des deux débats des chefs aura lieu mardi soir, au lendemain d'une fuite d'une partie d'un rapport préliminaire de la vérificatrice générale sur les dépenses du gouvernement conservateur pour le sommet du G8 qui a secoué Ottawa et qui ne manquera pas d'être l'objet d'affrontements explosifs.

Les chefs des quatre principaux partis débattront d'abord en anglais mardi, puis en français mercredi, après que cette deuxième soirée télévisée ait été devancée d'une journée pour éviter un conflit avec le premier match de la série éliminatoire entre le Canadien de Montréal et les Bruins de Boston.

Les animateurs et journalistes Anne-Marie Dussault et Paul Larocque dirigeront le débat français d'une durée de deux heures, alors que son pendant anglophone sera animé par leur collègue Steve Paikin.

Même si le leader conservateur Stephen Harper a finalement décliné l'offre du chef libéral Michael Ignatieff d'avoir un débat face-à-face, les deux hommes auront quand même l'occasion de se mesurer l'un à l'autre - mais seulement pendant un total de 12 minutes durant les deux joutes télévisées.

Selon la formule retenue par le Consortium des radiodiffuseurs, des échanges de six minutes entre deux chefs seront d'abord présentés sur un sujet précis, qui sera ensuite repris en groupe.

En faisant parvenir leurs suggestions aux radiodiffuseurs, ce sont les Canadiens qui ont choisi les questions qui lanceront les discussions entre les chefs des partis. Ceux-ci seront de retour derrière leurs lutrins, après la formule «table ronde» qui avait été fortement critiquée lors du dernier débat de 2008.

Pour les citoyens, il s'agit d'une occasion d'évaluer les programmes des différents partis, mais aussi la «'connectivité» des chefs avec les préoccupations de la population canadienne», a expliqué lundi le chef néo-démocrate Jack Layton.

Parfois répétitifs et parfois houleux, les débats organisés à mi-chemin de la campagne peuvent avoir un impact sur les choix des électeurs.

Les chefs des partis d'opposition voudront vraisemblablement se servir de la toute fraîche controverse sur le rapport préliminaire de la vérificatrice générale Sheila Fraser - dévoilé lundi par La Presse Canadienne - pour marquer des points.

Celle-ci écrivait que le gouvernement Harper a trompé le Parlement afin d'obtenir son accord pour la création d'un fonds de 50 millions $ destiné à des dépenses discutables pour accueillir le sommet du G8 dans une circonscription conservatrice. Mme Fraser laissait même entendre alors que la manoeuvre pourrait avoir été illégale.

M. Harper, qui n'a pas commenté cette affaire lundi, sera vraisemblablement invité à le faire lors des débats.

La divulgation du rapport final a été réclamée par tous les partis avant le débat des chefs pour que les Canadiens puissent connaître son contenu. Mais Mme Fraser a indiqué lundi qu'elle ne pouvait le rendre public tant que le Parlement ne siège pas.

Il s'agit d'un premier débat pour le chef libéral Michael Ignatieff qui a admis lundi qu'il avait «un peu le trac».

Quant au chef bloquiste Gilles Duceppe, il renvoie la balle à son principal adversaire.

« Lors des débats des chefs, c'est le chef conservateur qui aura le fardeau de la preuve. (...) Il devra rendre des comptes à la population, ce qu'il refuse de faire depuis le début de la campagne», a-t-il indiqué dans un communiqué diffusé dimanche.