Accusé constamment par les conservateurs d'avoir vécu longtemps hors du Canada, Michael Ignatieff contre-attaque: s'il est vrai qu'il a voté à l'étranger dans le passé, il n'a jamais pensé, contrairement à Stephen Harper, que le Canada était «un État socialiste de seconde classe en déroute».

À la veille du premier débat des chefs, le chef du Parti libéral du Canada s'est défendu, de nouveau hier, d'avoir passé plusieurs décennies de sa vie à l'étranger, et même d'avoir exercé son droit de vote dans un autre pays.

Hier, les journaux de la chaîne Sun Media/Quebecor ont fait leurs choux gras de deux déclarations passées de Michael Ignatieff, selon lesquelles il aurait voté pour le Parti travailliste en Angleterre et pour les démocrates aux États-Unis.

«Je suis un citoyen canadien. Je n'ai jamais été citoyen d'un autre pays. Je ne peux pas voter aux États-Unis», a rétorqué le chef libéral, en lien avec cette déclaration datant de 2004 dans laquelle il disait appuyer le candidat démocrate à la présidence américaine, John Kerry. «En 2004, je croyais que John Kerry était un meilleur choix que George W. Bush pour les États-Unis. Seul un conservateur pourrait croire que M.Bush était une meilleure option.»

Puis, dans une rare attaque de ce genre, M.Ignatieff a renvoyé la balle à son adversaire conservateur, citant une déclaration de M.Harper, datant de 1997. «Ce n'est pas moi qui suis allé devant un public étranger et qui ai qualifié le Canada d'«État socialiste de seconde classe en déroute», devant des républicains. Moi, je suis un fier Canadien», a lancé le chef libéral.

En juin 1997, M.Harper était vice-président de la Coalition nationale des citoyens (National Citizens Coalition) et donnait une allocution devant des membres du Council on Nation Policy, un groupe américain conservateur.

«Le Canada est un État providence de type nord-européen dans le pire sens du terme, avait alors affirmé M.Harper. Et les gens sans emploi, ne vous sentez pas trop mal pour la plupart d'entre eux; ils reçoivent une généreuse aide sociale et de l'assurance emploi.»

De passage à Kingston, M.Ignatieff a toutefois concédé avoir voté lors d'une élection britannique, en tant que citoyen du Commonwealth (un droit qu'ont tous les Canadiens habitant en Angleterre). Il affirme aussi avoir voté lors d'élections canadiennes à partir de l'étranger, comme il est toujours possible de le faire, mais il dit ne plus se souvenir du nombre de fois où c'est arrivé.

«J'ai vécu à l'étranger, c'est vrai, a souligné le chef libéral. Et partout où je suis allé, j'ai toujours appuyé les mesures progressistes.»

Vote en ligne

Par ailleurs, M.Ignatieff s'est engagé, s'il est élu, à instaurer le vote en ligne, d'abord pour les Canadiens à l'étranger, au prochain scrutin, puis plus largement, afin de faire entrer le système électoral canadien «dans l'ère numérique».

Cette option pourrait aussi, selon lui, plaire aux jeunes, qui ont voté dans une proportion de seulement 20% aux dernières élections générales.

«Nous avons un problème de désengagement des jeunes envers le système politique. C'est un défi important à relever», a conclu M.Ignatieff.