Stephen Harper n'entend pas dire précisément d'où proviendront les quatre milliards de dollars qu'il entend couper à Ottawa avant que les Canadiens se rendent aux urnes.

Invité à le faire à trois reprises, à Acton Vale dimanche, le chef conservateur a refusé de répondre, préférant attaquer son adversaire libéral, Michael Ignatieff.

«M. Ignatieff a fait dans cette campagne des promesses plus de 28 milliards de dollars en promesses qui ne sont pas dans sa plateforme. Elles ne sont tout simplement pas comptabilisées. C'est ça, le vrai problème», a-t-il dit. Il a donné l'exemple de la reconstruction du pont Champlain, de l'harmonisation des taxes et d'un train à haute vitesse, entre autres.

La plateforme du Parti conservateur, présentée vendredi, a annoncé qu'un gouvernement Harper réélu couperait 5% d'une tranche de 80 milliards de dollars en dépenses d'opération et de programmes à Ottawa.

Les troupes de Stephen Harper espèrent ainsi réaliser des économies cumulatives de 11 milliards de dollars sur cinq ans et éliminer le déficit budgétaire un an plus tôt que prévu, soit en 2014-2015.

Mais M. Harper, comme son ministre des Finances, Jim Flaherty, sont restés avares de détails quant aux dépenses et aux programmes qu'ils comptent ainsi cibler.

M. Flaherty a qualifié l'opération d'«agressive», mais a affirmé dans une entrevue au magazine Maclean's qu'il «n'avait pas les documents avec lui» pour pouvoir élaborer sur le sujet.

M. Harper, quant à lui, a affirmé qu'il n'y aurait pas de coupures drastiques dans les programmes du gouvernement et qu'il ne toucherait pas aux transferts aux provinces et aux services aux citoyens.

Au moment de dévoiler sa plateforme, le chef conservateur avait donné deux exemples: uniformiser les systèmes informatiques à travers l'appareil fédéral et supprimer certains postes lorsque 80 000 fonctionnaires partiront à leur retraite, dans les prochaines années.

En point de presse à Acton Vale, il a refusé d'élaborer davantage.

Pourtant, le chef libéral, Michael Ignatieff, a accusé les conservateurs la veille de se livrer à une «jonglerie fiscale incompétente» et à risquer de mettre en péril les services essentiels aux citoyens.

Il les a invités à faire preuve de plus de transparence.

«Quiconque suggère que vous ne pouvez trouver de l'argent à Ottawa sans couper des services vitaux vit dans un monde imaginaire», s'est borné à dire Stephen Harper.

«Il y a des inefficacités. Et c'est notre travail de les trouver. C'est ce que nous avons fait et c'est ce que nous allons continuer à faire.»

Malgré les économies de plusieurs centaines de millions de dollars que le gouvernement Harper a fait miroiter au cours de ses derniers budgets, il a souvent été impossible de savoir exactement quels programmes et quelles dépenses avaient été touchés.

Le peu qui en a filtré a parfois soulevé la controverse. C'est le cas, entre autres, des 45 millions $ de programmes culturels éliminés, qui ont fortement nui aux conservateurs au Québec lors des dernières élections. Il y a quelques années, la décision du gouvernement fédéral de fermer les fermes éducatives présentes dans certaines prisons pour aider les détenus à réintégrer la société avait aussi été très critiquée en Ontario.

Le gouvernement prévoit que sur sept ans, soit entre 2008 et 2015, ces examens stratégiques déjà entrepris par le gouvernement Harper généreront des économies de 2,8 milliards $, 11 milliards $ si on les additionne année après année (puisque ces dépenses ne seront plus encourues).

Les 4 milliards $ de coupures maintenant promises par le Parti conservateur (11 milliards $ si on le cumule sur 4 ans) s'ajouteraient à ces sommes.