Le Bloc assure ne pas avoir demandé à ses candidats locaux de rester discrets sur la croisade du maire de Saguenay, Jean Tremblay.

«Il n'y a pas de mot d'ordre», a assuré ce matin le chef Gilles Duceppe, lors d'un point de presse dans une ferme du Lac-Saint-Jean.

Même s'ils affirment qu'il s'agit d'une question juridique, et non politique, les candidats conservateurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean appuient ouvertement le maire Tremblay.

Le Tribunal des droits de la personne a ordonné au maire de ne plus réciter la prière au conseil municipal et d'enlever le crucifix de la salle. M. Tremblay refuse d'obéir au jugement, qu'il conteste en Cour d'appel. Il a aussi obtenu une injonction pour continuer à prier avec les autres élus. Ce qu'il a fait sous les huées le mois dernier.

Même les défenseurs d'une laïcité ouverte critiquent sa démarche.

Le maire a toutefois amassé plus de 50 000$ pour sa bataille juridique. Certains groupes l'appuient, dont les Chevaliers de Colomb de Sherbrooke et de Baie-St-Paul.

Selon le député sortant de Jonquière-Alma, le conservateur Jean-Pierre Blackburn, M. Tremblay a exercé un «leadership important» dans le dossier. L'ancien éditorialiste du Quotidien et candidat conservateur dans Chicoutimi-Le Fjord dit aussi appuyer le maire, tout en se défendant de vouloir transformer la cause en enjeu électoral.

Gilles Duceppe estime qu'il ne s'agit pas d'une question politique. «Ce n'est pas quelque chose qui se règle dans un budget. Ça se règle en cour», a-t-il indiqué ce matin.

Il ne critique pas l'escalade juridique du maire. «Tout citoyen a le droit de contester un jugement», répond-il. Mais le chef se dit en faveur de la solution de l'Assemblée nationale, qui a remplacé la prière par une minute de silence.

Les conservateurs y voient peut-être un terreau fertile. Et le Bloc, lui, semble y voir un malaise. Ce matin, des bloquistes bien en vue dans la région confiaient que le dossier divisait les citoyens. Ils avouaient «marcher sur des oeufs».

Quelques minutes plus tard en point de presse, le candidat Claude Pilote tenait un autre discours.

«La religion, c'est la religion. Moi, j'ai ma foi personnelle, je ne veux pas mêler la politique et la religion. Je ne marche pas du tout sur des oeufs», a lancé M. Pilote. Il se dit en faveur de la minute de silence, mais affirme que le maire Tremblay exerce simplement ses droits en portant sa cause en Cour d'appel.

«Je n'en ai pas parlé encore parce que je n'ai pas été questionné là-dessus», a-t-il ajouté. Il assure que les citoyens n'abordent jamais cette question avec lui.

M. Pilote est le seul candidat de Roberval-Lac-Saint-Jean à avoir refusé un débat organisé par la Chambre de commerce et d'industrie de Saint-Félicien, qui doit se dérouler le 20 avril. La circonscription est détenue par le ministre conservateur Denis Lebel.

Avant les élections de 2006, le Bloc détenait les trois sièges du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il ne lui en reste qu'un, Chicoutimi-Le Fjord.