La 12e journée de la campagne électorale a été marquée, mercredi, par les efforts des chefs pour gérer les tuiles et les ratés de leurs organisations, ou encore éviter de s'engager sur des terrains minés.

Les annonces et les engagements électoraux, dont certains n'avaient rien de nouveau, ont ainsi été relégués au second plan.

Ignatieff embarrassé

Les libéraux se sont retrouvés sans candidat dans la circonscription de Manicouagan, sur la Côte-Nord, après que le parti eut conclu qu'André Forbes a tenu des propos inacceptables à l'égard des autochtones.

Le chef Michael Ignatieff a fait savoir mercredi après-midi, par voie de communiqué, que M. Forbes a été avisé qu'il n'était plus candidat parce que les propos qu'il a tenus «n'ont aucune place au sein du Parti libéral du Canada».

«Le Parti libéral du Canada a toujours défendu l'égalité de tous les citoyens, incluant les Premières Nations, les Métis, les Inuits et les Canadiens non-autochtones. Nous condamnons de façon catégorique tout commentaire qui cherche à diviser les Canadiens en vertu de leur culture ou leur ethnicité», a précisé M. Ignatieff dans son communiqué.

Plus tôt dans la journée, lors d'une conférence de presse à Compton, en Estrie, M. Ignatieff avait expliqué que dès qu'on l'avait mis au courant de cette affaire, il avait demandé une vérification des déclarations qu'aurait faites M. Forbes alors qu'il était président de l'Association des droits des Blancs, puis porte-parole de Métis Côte-Nord.

«Je dois me renseigner sur ce qu'il a dit ou sur ce qu'il (n'a pas) dit, avait déclaré le chef libéral. Tout candidat a le droit de se défendre devant moi, mais je veux être absolument clair: ce sont des propos inacceptables. J'ai été choqué. Et s'il a vraiment dit ce qu'il a dit, ce n'est pas possible de rester candidat pour le Parti libéral du Canada.»

C'est le Nouveau Parti démocratique qui a ressorti les propos controversés d'André Forbes, mercredi matin.

En mars 2002, le candidat libéral aurait notamment remis en question l'éthique de travail des autochtones en déclarant au quotidien Le Soleil qu'il ne se souvenait «que d'un seul (Innu) qui faisait son travail correctement» alors qu'il travaillait pour la compagnie Gulf Paper de Clarke City, dans les années 1960.

Deux mois plus tard, dans le même journal, M. Forbes a soutenu que les Amérindiens jouissaient de droits supérieurs à ceux des non-autochtones, allant jusqu'à y voir une «politique haineuse qui amène des tensions sociales et qui se termine comme en Israël».

Harper refuse de s'excuser

En Ontario, le chef conservateur Stephen Harper a refusé de s'excuser pour les expulsions survenues à ses rassemblements politiques, affirmant même que c'est mieux de devoir renvoyer des gens que d'être incapable d'en attirer aux activités.

Depuis quelques jours, des critiques ont fusé quant au contrôle exercé sur les activités partisanes du Parti conservateur, qui semblent exclure tous ceux qui ne sont pas des amis de la formation politique.

Quelques personnes ont été forcées de quitter les lieux des activités à la demande des organisateurs, en commençant par une jeune étudiante qui a été escortée à l'extérieur d'un rassemblement conservateur à London, en Ontario, parce que son profil sur le site social Facebook arborait une photo d'elle-même en compagnie du chef libéral, Michael Ignatieff.

M. Harper a dit mercredi, avec un sourire satisfait, que «c'est mieux de refuser des gens que d'avoir de la difficulté à les faire venir».

Tentant de détourner la question, il a aussi affirmé que des milliers de personnes se sont présentées à ses rassemblements - beaucoup plus qu'à ceux de ses adversaires, selon lui.

«Quand les autres (les chefs des autres partis) se plaignent que nous refusons des gens alors qu'eux ne sont pas capables d'en rassembler, je crois que cela en dit long sur comment se déroule cette campagne», a-t-il commenté.

M. Harper se trouvait à Markham, en Ontario, pour y faire part d'un engagement qui se trouvait dans son budget d'il y a deux semaines et qui vise à offrir des prêts aux immigrants récents pour faciliter la reconnaissance de leurs compétences étrangères.

Duceppe évite le débat

Gilles Duceppe, qui était à Bonaventure mercredi matin, a pour sa part choisi de ne pas se lancer dans l'arène d'une autre controverse: celle de l'entente sur Old Harry.

Dans une étude dévoilée mardi, la Coalition Saint-Laurent, qui inclut des groupes écologistes, s'inquiète notamment du fait que l'accord signé entre le Canada et Terre-Neuve-et-Labrador comporte une section complète qui a pour but d'atténuer la baisse des paiements de péréquation versés à cette province causée par les revenus qu'elle tire de l'exploitation des hydrocarbures.

La Coalition souligne également que l'accord entre le Canada et Terre-Neuve-et-Labrador prévoit la mise en place d'un régime de compensation pour les pêcheurs, en cas de déversement ou d'accident qui causerait des dommages à l'environnement. On ne retrouve rien d'équivalent dans l'entente avec le Québec, signée juste avant le déclenchement de la campagne électorale.

«Terre-Neuve l'a obtenu. Pourquoi Terre-Neuve l'a obtenu et Québec ne l'a pas obtenu?», s'est interrogé M. Duceppe durant un point de presse.

«Je me pose la question mais ce sera débattu avant tout à l'Assemblée nationale», a-t-il ajouté.

Promesse réchauffée pour Layton

Le chef néo-démocrate Jack Layton, qui était à Prince George, en Colombie-Britannique, a ressuscité une vieille promesse électorale en s'engageant à établir un programme national de soins à domicile et à augmenter le financement pour les soins aux aînés.

M. Layton propose d'investir 250 millions $ par année pour favoriser le maintien à domicile des aînés aux prises avec des maladies chroniques.

Ce programme de soins à domicile atteindrait la somme d'un milliard de dollars après quatre ans, comme le recommandait la Commission Romanow sur le système de santé canadien.

Le NPD fait cette promesse à chaque élection depuis 2005.