La récente entente entre Québec et Ottawa sur le gisement Old Harry inquiète Gilles Duceppe.

Elle permettra à Québec de récolter 100% des redevances d'une future exploitation du gisement pétrolier-gazier, situé dans le golfe du Saint-Laurent. Cette zone fait toutefois l'objet d'un moratoire jusqu'en 2012.

Mais comme plusieurs environnementalistes et Madelinots, Gilles Duceppe craint les risques pour les écosystèmes, le tourisme et les pêches. Il demande à ce qu'ils soient protégés. «Il faudrait un fonds d'indemnisation et de prévoyance (pour les communautés locales), comme c'est le cas à Terre-Neuve», a-t-il affirmé hier devant des militants dans le secteur de Cap-aux-Meules aux Îles-de-la-Madeleine.

Pour éviter des concessions territoriales, M. Duceppe demande aussi à Ottawa de signer l'entente sur la ligne territoriale de 1964. Le gisement est situé à cheval sur la frontière entre Québec et Terre-Neuve-et-Labrador, à 80 kilomètres au large des Îles-de-la-Madeleine. Environ 70% du gisement se trouve du côté québécois, selon le tracé de 1964. Ce tracé a été confirmé par deux tribunaux administratifs, mais Ottawa n'a pas apposé sa signature. Terre-Neuve utilise ce prétexte pour contester la frontière.

«Trop avantageux»

M. Duceppe demande à Ottawa de signer l'entente. Pourquoi aucun gouvernement fédéral ne l'a fait? «Peut-être parce que le reste du Canada trouverait que c'est trop avantageux pour le Québec», répond-il.

L'entente doit mener d'ici deux ans à la création d'un Office Canada-Québec, selon le modèle de l'Office Canada-Terre-Neuve.

Au Parti conservateur, on qualifie M. Duceppe «d'éternel insatisfait», en soulignant qu'il critique les normes de l'Office avant même sa création. «Le Bloc cherche la chicane. Le développement des régions est le dernier de ses soucis», a réagi un stratège conservateur.

Dans son entente conclue avec le fédéral il y a plus de 25 ans, Terre-Neuve avait obtenu qu'on exclue les revenus pétroliers du calcul de la péréquation. La même chose n'est pas prévue pour l'instant pour Québec. M. Duceppe souhaite la même chose. «C'était bon pour Terre-Neuve, ça devrait être bon pour nous», a-t-il affirmé devant des militants aux Îles-de-la-Madeleine.

Le moratoire québécois se termine en 2012, alors que seront déposées les études environnementales stratégiques (EES) pour la zone où se trouve Old Harry. Québec doit ensuite consulter les populations locales. Une autre EES, circonscrite à la zone du gisement, pourrait être réalisée par la suite.

Pendant ce temps, Terre-Neuve s'apprête à exploiter sa portion du gisement dans les prochains mois. Le gouvernement Charest indique que Terre-Neuve est dans son droit. Gilles Duceppe, lui, demande à Ottawa d'étendre le moratoire à la portion terre-neuvienne du gisement, ce qui serait permis selon les termes de leur entente.

Motion unanime

L'Assemblée nationale a adopté hier une motion unanime pour condamner la garantie de prêt que les conservateurs ont annoncée pour le projet de câbles sous-marins permettant à Terre-Neuve d'exporter l'électricité du Bas-Churchill. Ils financeraient 4,2 des 6,2 milliards du projet.

Michal Ignatieff est favorable au projet. Le Bloc le dénonce fortement. M. Duceppe rappelle qu'Hydro-Québec n'a jamais reçu d'argent du fédéral pour transporter ou exporter son électricité. Il qualifie le prêt de «concurrence déloyale».