Michael Ignatieff croit que les Québécois en ont assez d'un gouvernement conservateur loin de leurs valeurs et que les électeurs de cette province choisiront un autre premier ministre, le 2 mai.

Quelques heures avant d'entamer une visite au Québec, sa deuxième de la campagne, le chef du Parti libéral en a appelé aux valeurs québécoises, qui selon lui sont plus proches de celles de sa formation politique.

«Les Québécois ont réalisé après cinq ans de Stephen Harper qu'ils ne se reconnaissent plus dans les valeurs de ce gouvernement fédéral. Ils en ont eu assez et cherchent une alternative. Et nous devons démontrer d'ici au 2 mai que nous sommes cette alternative», a lancé M. Ignatieff dans un dépanneur de Conception Bay South, petite municipalité en banlieue de St. John's, à Terre-Neuve.

Michael Ignatieff poursuit sa tournée, mardi, en s'arrêtant à Charlesbourg et Drummondville, où il tiendra un rassemblement en soirée. Les libéraux, qui ne détiennent aucun siège à l'est de Montréal, tenteront de profiter du mécontentement provoqué dans la Vieille Capitale par la décision du gouvernement conservateur de ne pas contribuer au financement du nouveau Colisée de Québec.

Si le Bloc québécois est en bonne position pour reprendre certains sièges dans la région, passés aux mains des conservateurs depuis 2006, le chef libéral estime que son véritable adversaire est le chef conservateur.

«M. Duceppe l'a dit au début de la campagne. Le premier ministre du Canada sera soit M. Harper, soit M. Ignatieff, a-t-il souligné. Ce que je dis aux Québécois, c'est qu'ils ont le choix. Voulez-vous quatre années supplémentaires d'un homme qui ne comprend pas le Québec sur des enjeux clés comme le contrôle des armes à feu, sur la culture, sur les droits des femmes, un homme qui ne comprend pas les valeurs des Québécois.»

M. Ignatieff débarque toutefois à Québec avec des propositions difficiles à vendre. Lundi soir, au coeur de la capitale terre-neuvienne, il a fait l'apologie du projet de développement hydroélectrique du Bas-Churchill, estimant qu'une aide financière fédérale ne désavantagerait pas nécessairement le Québec. Or, le gouvernement libéral de Jean Charest a catégoriquement rejeté la promesse faite par Stephen Harper, vendredi dernier, d'appuyer le projet avec une garantie de prêts. Québec juge qu'un tel coup de main fédéral causera une concurrence déloyale à Hydro-Québec.

Les libéraux n'ont aussi fait aucune mention, dans leur plateforme, d'un investissement pour le nouvel aréna, même si Michael Ignatieff répète qu'un éventuel gouvernement libéral pourrait y contribuer, si le projet contient un volet communautaire.

Réplique bloquiste

Le Bloc québécois s'est empressé d'essayer de démontrer que les libéraux ne représenteraient pas les «valeurs québécoises». Son chef Gilles Duceppe a rappelé que les libéraux avaient hésité avant de s'opposer clairement à l'abolition du registre des armes d'épaule. «Il a fallu leur serrer la vis passablement», a-t-il rappelé ce matin en point de presse à Pointe-au-Père.

Il souligne de plus que M. Ignatieff s'oppose à la doctrine Gérin-Lajoie, selon laquelle le Québec doit parler lui-même sur la scène internationale de ce qui relève de ses compétences, comme l'éducation. Et il dénonce que M. Ignatieff soit contre l'application de la loi 101 aux entreprises et organismes de compétence fédérale, comme les banques, les télécommunications et le transport maritime, aérien et ferroviaire.

Il s'agit de deux demandes du Bloc. Or, le NPD et les conservateurs n'y consentent pas plus que les libéraux. Parmi ces trois partis qui peuvent prendre le pouvoir, les libéraux sont-ils les plus près des «valeurs québécoises»?

M. Duceppe ne juge pas la question pertinente. «Parce que notre langue n'est pas importante pour eux, il faudrait l'oublier? Moi, je ne dis pas cela. La langue, c'est fondamental. C'est le respect de ce que nous sommes et M. Ignatieff ne respecte pas cela.»

Le chef du Bloc soutient en outre que les libéraux veulent outrepasser le pouvoir fédéral de dépenser et qu'ils refusent de transférer au Québec les pouvoirs réclamés en culture par le Bloc.