«#elxn41 quitte aéroport Halifax. Arrêtée par cortège #cpc de SH plutôt agressant (de plusieurs manières) dans leur campagne hermétiquement fermée.»

De prime abord, le tweetécrit mercredi soir par la députée libérale Carolyn Bennett n'est pas évident à déchiffrer.

Mais pour un message de moins de 140 caractères, il en dit long sur la première semaine de campagne de Stephen Harper.

Il y a l'espace important occupé par Twitter dans cette campagne, une première dans l'histoire politique canadienne.

Il y a les déplacements: dix provinces en sept jours, pour bien faire comprendre que le Parti conservateur est «le seul parti capable de former un gouvernement national, majoritaire et stable».

Il y a le cortège, avec ses voitures de police tous phares allumés. Ça peut déplaire aux adversaires ou aux automobilistes pressés. Et il y a le qualificatif: une campagne «hermétiquement fermée».

Dans une conférence de presse à Halifax jeudi, les médias étaient confinés à un enclos clôturé à au moins 15 mètres du podium de M. Harper. Entre eux, des partisans assis applaudissaient à chacune de ses réponses. L'unes des questions ce jour-là était: «M. Harper, pourquoi limitez-vous les questions des médias à quatre par jour, tandis que vos adversaires répondent à beaucoup plus?»

- Y a-t-il une question spécifique à laquelle je n'ai pas répondu et à laquelle vous voulez que je réponde? a-t-il demandé en guise d'explication.

Plusieurs lui ont été posées en même temps. Il a répondu à l'une d'elles, sur la Libye. D'autres questions ont été lancées en criant par des journalistes, seule façon de se faire entendre d'aussi loin. «Merci», a dit M. Harper. Il a tourné les talons.

Fin de la conférence de presse.

Ses employés de campagne, écouteur à l'oreille et communiquant entre eux par un micro dissimulé dans leur manche, ont rassemblé le groupe et l'ont pressé vers la salle de travail. Vite écrire. Les minutes sont comptées. Sauter dans l'avion, s'envoler vers une autre ville. Écouter un autre discours, devant des partisans qui ont dû prouver à l'entrée qu'ils étaient sur une liste dressée à l'avance par le parti.

Quatre questions par jour et aucun bain de foule imprévu pour Stephen Harper.

En arrivant à l'aéroport pour repartir d'Halifax, cette journée-là, la députée libérale Carolyn Bennett aurait pu tweetter la même chose.