Ébranlé par la démission d'un deuxième bénévole de son parti en deux jours, le chef conservateur a tenté mercredi de renverser la vapeur et de convaincre les Québécois de lui donner le mandat majoritaire qu'il réclame.

Dans un discours prononcé dans l'Ouest-de-l'Île devant 700 partisans, Stephen Harper a mis l'accent sur l'opposition des autres partis à l'acquisition des avions militaires F-35, un argument qu'il n'avait pas exploité jusqu'ici dans la métropole. «Cette région est le coeur du secteur aérospatial canadien, a-t-il dit. Et nous sommes le seul parti qui le soutenons.»

Les partis de l'opposition critiquent la manière dont ces quelque 65 avions de chasse ont été acquis par le gouvernement Harper l'été dernier et les dépassements de coûts de plusieurs milliards de dollars qui s'annoncent déjà.

Selon une évaluation rendue publique mercredi par le chien de garde du budget fédéral américain, chacun de ces avions coûtera au moins 25 millions de dollars de plus que prévu. Le directeur parlementaire du budget canadien croit pour sa part que l'ensemble du contrat coûtera 30 milliards de dollars au gouvernement fédéral, près du double de ce qui avait été annoncé.

Mais le premier ministre a fait valoir les retombées potentielles de la construction de ces avions pour la région de Montréal, que son gouvernement évalue à 12 milliards: «Imaginez les impacts sur l'industrie ici, a-t-il lancé au sujet de la promesse du Parti libéral de déchirer le contrat. Imaginez les impacts sur les emplois ici. Imaginez les impacts sur les familles du secteur de l'aérospatiale ici.»

Autre départ d'un travailleur de campagne

Ce rassemblement populaire tenu dans la circonscription de Pierrefonds-Dollard mettait un terme à une autre journée difficile pour le chef conservateur. Le directeur de campagne de cette circonscription, Giulio Maturi, a quitté son poste après que le Bloc québécois eut soulevé des questions sur son intégrité.

En 2009, Benoît Labonté, ancien chef de Vision Montréal et candidat à la mairie, a soutenu que M. Maturi avait tenté de le convaincre de faire payer par une entreprise privée les organisateurs de sa campagne. M. Labonté a aussi affirmé que M. Maturi lui avait été présenté par le sénateur Léo Housakos, lequel lui avait été présenté par l'homme d'affaires Tony Accurso.

Le Parti conservateur avait pris ses distances de M. Maturi, qui avait été contraint de quitter ses fonctions d'organisateur principal au Québec. Il était par la suite revenu pour prêter main-forte au candidat conservateur de Pierrefonds, Agop Evereklian. Les hautes instances du parti étaient au courant de la situation puisque le Bloc québécois avait déjà posé des questions à ce sujet à la Chambre des communes.

Pas de risque à courir

Mais mercredi, après la démission de Sébastien Togneri, autre bénévole dont le départ a été aussi très médiatisé, les conservateurs n'ont pas pris de risque: «Je ne connais pas les détails de cette situation, mais on m'a dit que ce gars n'est plus bénévole dans notre campagne. Ce sont nos informations», a déclaré Stephen Harper.

Le candidat Agop Everelakian a refusé de parler aux médias mercredi soir, tout comme l'ancien président des Alouettes de Montréal, Larry Smith, aussi candidat conservateur dans l'Ouest-de-l'Île.