C'est «dommage», mais Montréal n'aura pas de représentant direct au prochain Conseil des ministres du gouvernement fédéral, a tranché hier matin à Calgary le premier ministre réélu, Stephen Harper.

«J'ai dit que notre cabinet sera composé d'élus, sauf évidemment à l'exception du leader du gouvernement au Sénat, qui a toujours eu un poste au sein du cabinet. Comme c'est la tradition, je nommerai un ministre responsable pour la grande région de Montréal. C'est dommage, mais ça sera un de nos élus.»

 

M. Harper devra ainsi puiser parmi ses 10 élus du Québec, des députés issus de régions éloignées de Montréal.

À la suite de la défaite, mardi, dans Vaudreuil-Soulanges du ministre des Travaux publics et responsable de la région de Montréal, Michael Fortier, la métropole du Québec n'a aucun élu dans le gouvernement pour la représenter au cabinet fédéral. Déjà hier, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et la présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, Isabelle Hudon, se sont dits inquiets et préoccupés par cette situation.

Le premier ministre a cependant complètement écarté hier le scénario qu'il avait imaginé en 2006 pour trouver un représentant de la région de Montréal au cabinet, soit la nomination de Michael Fortier au Sénat et au Conseil des ministres.

«Je n'ai pas l'intention de nommer des sénateurs au Conseil des ministres. C'est dans notre programme électoral, comme vous le savez», a encore répété Stephen Harper.

Le chef du gouvernement a cependant souligné qu'il aimerait bien aller de l'avant avec son projet de transformation du Sénat pour en faire une chambre élue au Parlement, un projet rejeté par le gouvernement Charest.

«Pendant longtemps, a expliqué M. Harper, je n'ai pas nommé de sénateurs. Cela dit, je crois qu'il n'est pas justifié que le Sénat soit dominé par un parti qui n'a pas remporté deux élections consécutives (NDLR: une allusion au Parti libéral). Or, nous cherchons à faire élire les sénateurs. Mais s'il devient clair, à un moment donné, que nous ne pouvons faire élire les sénateurs, nous allons procéder à la nomination de sénateurs afin de nous assurer que les élus de la Chambre des communes aient leur contrepartie au Sénat.»

À l'heure actuelle, 16 sièges sur 105 sont vacants au Sénat.

Le premier ministre a reconnu hier qu'il n'y avait pas qu'à Montréal que son parti avait connu des difficultés au Québec. Il a d'ailleurs attribué une partie de sa déconfiture dans la province à l'avantage du terrain qu'a eu le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, pendant toute la durée de la course. M. Harper a souligné que chaque fois qu'il était présent au Québec, il gagnait du terrain dans les sondages. Et chaque fois qu'il faisait campagne ailleurs au Canada, il perdait des plumes dans la province.

«C'est différent pour le Bloc, a estimé M. Harper. Un parti fédéraliste est au Québec seulement un jour sur quatre pendant une campagne. Cela fait partie de nos difficultés.»

Même s'il n'a pas réussi à battre l'un des «leaders libéraux les plus faibles de l'histoire», pour reprendre les propos d'un journaliste, le premier ministre Harper s'est dit «heureux» des résultats de mardi soir et indiqué qu'il n'avait pas l'intention de quitter ses fonctions.

«Je n'avais pas prévu de majorité et je ne m'attendais pas à une majorité, a-t-il rappelé. Je suis très heureux du mandat renforcé que nous avons reçu.»

Malgré ses infortunes au Québec et à Terre-Neuve, le premier ministre a promis hier qu'il traitera la population de ces provinces «avec respect et de façon juste».