Les mines étaient longues dans la salle de l'hôtel Sheraton où les partisans de Stéphane Dion se sont réunis hier pour suivre la soirée électorale.

Les réseaux de télévision n'avaient annoncé les résultats que depuis deux minutes, vers 22h45, que déjà des partisans évoquaient le départ de leur chef.«C'est probablement dû au manque de confiance envers lui. Ce n'est pas à moi de décider, mais il semble que l'Ontario se sent comme cela» a dit un supporter de Toronto, qui a profité d'un voyage d'affaires à Montréal pour se rendre au rassemblement du chef.

«C'est entièrement sa décision. Mais j'espère qu'il va annoncer aujourd'hui ce qu'il compte faire», a indiqué un autre supporteur, celui-là de l'ouest de l'île de Montréal.

M. Dion n'avait pas encore pris la parole au moment d'écrire ces lignes. Certains de ses collaborateurs tentaient de voir le bon côté des choses, dans cette seconde défaite de suite d'un parti habitué d'être au gouvernement.

«Au moins, nous avons réussi à bloquer un gouvernement majoritaire», s'est consolé l'un d'eux.

Les libéraux semblaient alors sur le point de récolter 74 sièges, une chute de plus de 20 par rapport aux 95 qu'ils détenaient au moment du déclenchement des élections et de près de 30 par rapport aux 103 qu'ils ont remportés en 2006.

La performance du parti au Québec est l'une des seules bonnes nouvelles de la soirée. Malgré la débâcle annoncée en début de campagne, le PLC a tout de même réussi à conserver ses 12 sièges, en plus de gagner Papineau grâce à Justin Trudeau.

Cette soirée difficile met un terme à une campagne tout aussi difficile, où le chef a dû pendant une bonne partie des 37 derniers jours défendre et expliquer son Tournant vert, dont la taxe sur le carbone semble avoir effrayé plusieurs électeurs.

Maintenant, quel que soit le sort qui attend M. Dion, l'heure sera aux bilans dans les prochains mois, semblaient dire des libéraux présents dans la salle.

«On a deux ans pour se retrousser les manches, rebâtir le parti, consulter la base militante, repenser notre programme, voir ce qui a marché, ce qui n'a pas marché et faire en sorte que dans deux ans ce soit nous qui soyons choisis par la population canadienne», a déclaré l'ancien ministre de la Justice, Martin Cauchon, dont le nom est souvent évoqué comme l'un des potentiels chefs du parti.

M. Dion devra-t-il partir? «Il a été élu il n'y a pas si longtemps que ça, c'est sa première élection», a indiqué M. Cauchon, aujourd'hui avocat dans un cabinet montréalais.

«Cela dit, la constitution du Parti libéral du Canada prévoit une révision et, que vous soyez élu premier ministre ou pas, la médecine est appliquée à tout le monde.»

S'il reste, tout indique que M. Dion devra subir un vote de confiance lors du congrès biennal de son parti, en mai prochain.