Le conservateur Maxime Bernier avait bon espoir de conserver son poste de député en Beauce, hier soir. Un mandat fort lui permettrait de chasser pour de bon le parfum de scandale qui lui colle à la peau depuis cinq mois.

« Je n'ai pas écrit de discours de défaite », a-t-il confié à La Presse peu avant le dévoilement des résultats.

L'ancien ministre des Affaires étrangères avait dû quitter le cabinet en mai, après avoir oublié des documents secrets chez son ancienne flamme, Julie Couillard. Si les Beaucerons lui renouvellent leur confiance, cela pourrait signifier le début de sa réhabilitation politique.

Aux élections de janvier 2006, M. Bernier avait obtenu une majorité de 26 000 voix - la plus forte au Québec, avec 67 % du suffrage exprimé. Cette fois encore, M. Bernier souhaite obtenir un « mandat clair » des Beaucerons. « Gagner par plus de 50 % des voix, ce serait déjà beau. Je m'attends à avoir une belle majorité et on verra après. »

Redeviendra-t-il ministre ? « Ça, c'est le privilège du premier ministre. »

Pendant la campagne, M. Bernier s'est présenté en « fier Beauceron », porteur des valeurs de « liberté et de responsabilité individuelles » de cette région conservatrice et fédéraliste. Il a évité de répliquer à Mme Couillard, qui a lancé il y a deux semaines une autobiographie dévastatrice pour M. Bernier.

Les Beaucerons n'ont pas été impressionnés. « Ils ont d'autres chats à fouetter que les histoires d'amour de leur député », dit Denise Germain, de Sainte-Marie.

C'est que le fameux miracle beauceron vacille. En cinq ans, la région a perdu 3000 emplois manufacturiers. Les investissements se tarissent. « On est en chute libre au plan industriel », s'inquiète Denis Sylvain, directeur du Centre local de développement (CLD) de la Nouvelle-Beauce.

Même si la région conserve l'un des taux de chômage le plus bas au Québec (4 %), elle a été secouée par une série de crises : crise manufacturière, crise du bois, crise économique aux États-Unis. La force du dollar canadien a fait chuter les exportations des entreprises beauceronnes, tout près de la frontière américaine.

Selon M. Sylvain, la mauvaise fortune de la Beauce n'aura pas influé sur le résultat des élections. « Il y a différents types de votes pour M. Bernier. Il y a ceux qui ne s'intéressent pas à la politique et qui votent pour la famille Bernier, très connue en Beauce. Il y a les conservateurs purs et durs. Et il y a ceux qui votent par sympathie, comme pour signifier à Mme Couillard qu'on ne fait pas ça à un Beauceron. »