Stephen Harper a quelque peu minimisé ses attentes aujourd'hui à Victoria lorsqu'il a déclaré aux journalistes qu'il acceptera de bonne grâce «n'importe quel mandat» que lui confiera la population le 14 octobre prochain.

Le chef conservateur avait parlé de ses attentes dès le premier jour de la campagne en affirmant qu'il croyait devoir former un autre gouvernement minoritaire. Après trois semaines de campagne, il parlait de son désir d'obtenir un «mandat fort», tout en prenant bien soin de ne pas utiliser le mot «majoritaire», de crainte de repousser certains électeurs qui s'accommodent fort bien des freins législatifs que suppose un gouvernement minoritaire.

Mais mercredi matin le chef conservateur a encore une fois changé son vocabulaire.

«J'ai parlé de mes attentes au début de la campagne, a-t-il rappelé aux journalistes. Je crois que chaque siège remporté renforce notre mandat. Évidemment nous devons gagner ces élections. Et comme conservateur je serai satisfait de n'importe quel mandat.»

Alors que les conservateurs n'ont que cinq jours pour renverser une tendance à la dégringolade dans les sondages, M. Harper a estimé hier qu'une victoire le 14 octobre, peu importe le pourcentage de votes recueillis, signifierait beaucoup pour lui.

«Je pense que si nous pouvons gagner deux victoires de suite, c'est un grand progrès pour le Parti conservateur. Je travaillerai évidemment fort pendant cette dernière semaine pour nous assurer d'obtenir un mandat, un mandat pour garder les taxes et les impôts bas, pour maintenir un budget équilibré et faire des investissements ciblés pour la création d'emplois.»

M. Harper a ajouté que ces investissements d'ordre économique devront être faits selon les moyens disponibles en période d'incertitude économique.

Le Québec



Conscient de ses difficultés au Québec, notamment de la possibilité de perdre certains des sièges gagnés en 2006, M. Harper a voulu rappeler aux Québécois qu'ils étaient devant les mêmes choix que les autres Canadiens, sauf en ce qui à trait au Bloc québécois.

«Les autres partis fédéralistes proposent d'augmenter les taxes et les impôts, d'augmenter les prix, d'augmenter les taux d'intérêt des hypothèques. Cela ne peut pas aider la population», a-t-il estimé.

«Mais plus important encore : il y a un troisième choix pour les Québécois, a-t-il ajouté, celui de voter pour un parti qui sera là pour réagir et critiquer n'importe quelle décision. Mais dans une période d'incertitude internationale, comment ce vote va-t-il aider le Saguenay-Lac-Saint-Jean, le Bas Saint-Laurent, la région de Québec, la grande région de Montréal? Comment cela va aider la population face à la situation actuelle?»

«Le Bloc critique le déséquilibre fiscal, a encore poursuivi Stephen Harper, il critique le scandale des commandites, il critique la mauvaise gestion de l'ancien gouvernement, il nous critique sur plusieurs dossiers. Mais à la fin, le Bloc ne peut pas défendre ses décisions. Le Bloc ne peut rien faire; le Bloc ne peut que réagir. Et je pense que dans une telle période d'incertitude économique on devrait choisir un parti qui veut agir dans les intérêts économiques supérieurs de la population.»

M. Harper a reconnu qu'il ne pouvait satisfaire toutes les demandes du Québec. Mais il estime que son parti a la meilleure approche pour le Québec.

«Si je mène un gouvernement national, c'est clair que de temps en temps je vais prendre des décisions qui ne sont pas populaires dans une région ou une autre, a-t-il expliqué. À la fin notre parti est un parti qui a grandement ouvert les portes aux nationalistes pour renforcer la position du Québec dans un meilleur Canada. C'est là la vraie question de ces élections. Le Bloc québécois ne veut pas un Québec fort dans un Canada meilleur. Le Bloc veut un Québec hors du Canada.»