Des milliers d'étudiants de l'Université Concordia pourront désormais dire qu'ils fréquentent l'« École de génie et d'informatique Gina-Cody ». En faisant un don de 15 millions à son alma mater, la femme d'origine iranienne souhaite encourager davantage d'étudiantes à envisager le métier d'ingénieure.

Gina Parvaneh Cody est la première femme dont le nom orne une faculté de génie canadienne. L'affaire n'a rien de banal, mais l'ingénieure admet qu'elle y a tout de même pensé à deux fois avant d'accepter.

« Je ne veux pas que ça tourne autour de moi. Je le répète toujours : on parle des femmes, on ne parle pas de moi, dit-elle, les yeux soudainement embués. Je deviens très émotive quand j'en parle. »

L'histoire de cette ingénieure a pourtant de quoi inspirer. En 1979, elle quitte l'Iran en pleine révolution avec 2000 $ en poche. À Montréal, un professeur de l'Université Concordia la prend sous son aile et lui propose une bourse qui lui permet de faire des études dans un contexte « confortable ». « Je n'oublierai jamais ça », assure la philanthrope.

Dix ans plus tard, elle devient la première femme à obtenir un doctorat de génie du bâtiment de l'Université Concordia.

« ENVOYER UN MESSAGE »

Sa carrière sera jalonnée de succès. Ingénieure primée et entrepreneure, Gina Cody a vendu il y a deux ans les parts qu'elle détenait dans une importante entreprise d'experts-conseils en génie.

En entrevue lundi, la femme qui vit maintenant à Toronto s'effaçait pourtant derrière son souhait : celui qu'en voyant son nom en toutes lettres sur une faculté universitaire de génie, les jeunes femmes y perçoivent un appel sans équivoque.

« Je veux envoyer le message aux femmes que si on peut donner le nom d'une femme à une faculté, ça veut dire que vous pouvez y aller, vous devriez y aller. » - L'ingénieure et philanthrope Gina Cody

Elle se désole du peu de chemin qu'ont fait les femmes depuis qu'elle a obtenu son diplôme. Au Canada, elles représentent 20 % des étudiants en génie. Sur le marché du travail, les ingénieures composent à peine 13 % des effectifs.

« Je pense que les jeunes filles n'ont pas de modèles. Elles se sont peut-être fait dire par leurs parents ou à leurs écoles que l'informatique et le génie, c'est pour les garçons. Alors elles se découragent. Ma mission est d'envoyer un message : si une femme iranienne peut le faire, vous pouvez le faire. »

BOURSES D'ÉTUDES

Ancienne patronne d'une entreprise comptant 150 employés, Gina Cody dit avoir tâché au fil des années d'embaucher plus d'ingénieures. Seulement, elles ne sont pas assez nombreuses à sortir des universités chaque année.

Une bonne partie de l'argent qu'elle remet à l'université sera en conséquence donnée en bourses d'études, aux femmes comme aux hommes. « Je ne voulais pas de quotas, mais je veux envoyer le message qu'il faut penser à l'équité, à la diversité et à l'inclusion », dit Gina Cody.

L'ingénieure compte maintenant profiter de sa retraite et de sa présence à plusieurs conseils d'administration, dont celui de l'Université Concordia, pour en faire son mantra : le combat pour l'égalité des femmes n'est pas terminé.