Chaque école devrait avoir un directeur qui lui soit attitré, croient les partis d'opposition à l'Assemblée nationale, alors que l'Association québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE) tient lundi son congrès annuel où il est question du difficile recrutement et de la complexe rétention des équipes de direction d'école.

La péquiste Carole Poirier, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation primaire et secondaire, résume que l'objectif devrait être une école, un directeur.

«Le personnel dans une école, c'est rendu que la seule personne qui est permanente, c'est la secrétaire. Ce que j'entends [sur le terrain], c'est que plusieurs directeurs dirigent deux écoles. Ils sont toujours en réunion. Ce sont de bons gestionnaires, très dévoués, il faut leur donner les moyens de diriger leur école», affirme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.

La Presse révélait lundi que le recrutement et la rétention de directeurs d'école et des adjoints sont difficiles au Québec, une problématique récurrente et documentée depuis 2001. Selon l'AQPDE, ce phénomène s'expliquerait par l'ampleur des tâches de travail tout comme les longues heures de travail, en plus des tensions qui émergent entre les directeurs et les enseignants, débordés de part et d'autre. 

«Les gens qui deviennent directeurs d'école ne le font pas parce qu'ils tombent en amour avec les fichiers Excel. Ils veulent devenir des leaders pédagogiques, être des capitaines de bateau et insuffler quelque chose à leur équipe-école. Pour valoriser leur profession, il faut leur donner davantage d'autonomie», dit pour sa part Jean-François Roberge, un ex-enseignant devenu porte-parole de la Coalition avenir Québec (CAQ) en matière d'éducation.

Tout comme le PQ, le député caquiste estime que «la norme devrait être qu'il y a une direction d'école par établissement», sauf dans le cas d'écoles de très petites tailles en région rurale. M. Roberge croit aussi que transformer les commissions scolaires en centres de service - une promesse du parti pour les élections - donnerait davantage d'autonomie aux directions d'école.

Il faut valoriser les directions, reconnaît Proulx 

Le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a pour sa part affirmé lors d'une mêlée de presse au congrès annuel de l'AQPDE qu'il est temps de valoriser le travail des directions d'école. 

«Dans la grande réflexion autour de la valorisation du rôle des enseignants, il y a aussi celle des directrices et directeurs d'école, qui sont des enseignants à la base (...) et dont il faut reconnaître leur apport important à la société», affirme le ministre Proulx. 

«Il faut mettre des ressources à leur disposition, leur donner des moyens d'agir localement dans leur milieu, plutôt que d'avoir des règles uniformisées à la grandeur du Québec qui les empêchent de réaliser leurs projets-écoles», ajoute-t-il, soulignant que son gouvernement avait ces dernières années «décentralisé des sommes importantes vers les directions d'école». 

À Québec, le Parti québécois (PQ) déposera cette semaine un projet de loi «bouclier anticompression», où il serait impossible de diminuer les budgets en éducation. Ainsi, tous gels budgétaires devraient respecter d'augmenter minimalement les budgets dans ce portefeuille gouvernemental à l'évolution du coût de système. Ce projet de loi, qui ne devrait pas être appelé par le gouvernement, devient une promesse du PQ en route vers les élections.

À Québec solidaire (QS), le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois affirme que les directions d'école, bien intentionnées, se retrouvent actuellement «entre l'arbre et l'écorce».

«Elles subissent des compressions tout en devant les administrer. Cela crée inévitablement des tensions avec les profs. La cause de cette crise est politique. Comme on l'a fait avec les infirmières, il est temps de s'asseoir avec [eux] pour trouver des solutions pour améliorer le climat de travail et il doit y avoir de l'argent sur la table», dit-il.