Une mère de famille qui siège au conseil des commissaires de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs, à Granby, est convoquée devant son Comité d'éthique et de déontologie parce qu'elle a partagé sur Facebook un article de La Presse sur le plan de la Coalition avenir Québec (CAQ) en matière de gouvernance scolaire.

Dans une lettre datée du 12 mars dernier, la présidente du Comité d'éthique et de déontologie, Madeleine Lemieux, a informé Marie-Josée Cornay - qui siège à titre de commissaire parent - qu'elle est visée par une plainte où on lui reproche «d'avoir diffusé votre position sur l'avenir des commissions scolaires sur votre page Facebook [et] d'avoir redirigé le lecteur par un hyperlien vers un commentaire publié dans La Presse par Monsieur Jean-François Roberge sur le même sujet». 

En partageant cet article, Mme Lemieux l'informe qu'une personne lui reproche d'être «en conflit de loyauté, de discréditer le travail de [ses] collègues commissaires, d'entacher l'image publique des commissions [et] et de manquer de solidarité avec [ses] collègues».  

«Le Comité doit faire enquête et procédera par des rencontres individuelles», écrit-on. Cette rencontre doit avoir lieu le 20 avril prochain. 

Pour Mme Cornay, cette situation est invraisemblable. «J'ai eu quatre likes et un partage. Ça n'a pas fait une grosse bombe», affirme-t-elle, reconnaissant qu'elle soulève fréquemment des débats lors des réunions du conseil des commissaires.  

«Je n'ai toutefois pas partagé cet article dans l'intention [de nuire] aux autres commissaires», soutient-elle du même souffle. Mme Cornay est membre active de la CAQ. 

Lors de la période de questions à l'Assemblée nationale, mercredi, le critique en matière d'éducation pour la CAQ, Jean-François Roberge, a demandé au ministre Sébastien Proulx «d'exiger de la commission scolaire du Val-des-Cerfs l'arrêt immédiat de cette tentative d'intimidation».  

«Le député de Chambly aimerait que l'Assemblée nationale se prononce sur une décision d'un conseil des commissaires qui a décidé de prendre une procédure que je ne connais pas et que je ne commenterai pas», a répondu le ministre de l'Éducation. 

«Je pourrais répondre au collègue que je serais particulièrement inquiet de le voir être ici, à ma place, ce matin, en train de répondre à l'Assemblée nationale des procédures judiciaires qui n'ont pas encore eu lieu, vraisemblablement. Les commissaires-parents ont un rôle à jouer. Les commissions scolaires ont aussi un rôle, mais aussi des responsabilités, et c'est dans ce contexte-là que ce débat-là aura lieu», a-t-il poursuivi.

Pour Corinne Payne, présidente de la Fédération des comités de parents, «ce n'est pas parce qu'on est élu ou nommé dans un poste de commissaire qu'on n'a plus le droit à sa liberté d'expression», a-t-elle dit.

Au moment de mettre en ligne, la présidente du Comité d'éthique et de déontologie des commissaires de la Commission scolaire du Val-du-Cerfs n'avait pas répondu à notre demande d'entrevue.