Les parents dont les résidences sont situées à cheval entre deux commissions scolaires risquent de devoir chercher une nouvelle école de quartier pour leurs enfants. La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) a adopté de nouvelles règles d'admission pour ces « zones grises », mais elle suggère maintenant aux résidants de ces zones de demander au gouvernement d'être annexés pour régler la situation.

Mardi soir, plusieurs dizaines d'entre eux se sont présentés au conseil des commissaires de la CSMB pour déplorer la modification des critères d'admission, qui empêchera des enfants habitant parfois à quelques mètres seulement d'une école de la fréquenter. Ces parents vivent non loin de Mont-Royal, Outremont ou Cartierville.

Comme le rapportait La Presse lundi, les résidences de certaines familles sont situées sur le territoire de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), mais sont considérées comme en zone grise, ce qui permet à ces familles de choisir leur commission scolaire depuis une vingtaine d'années.

Ceux qui fréquentent déjà des écoles de la CSMB pourront y demeurer. Les nouveaux élèves de ces zones pourront quant à eux s'inscrire à la commission scolaire, mais n'auront plus un accès en priorité à l'école la plus près de chez eux, selon les nouvelles règles adoptées mardi soir.

« On a l'impression qu'on a ri de nous, que c'est une mise en scène, dit Fabrice Desormeaux, père de cinq enfants qui vit dans l'une de ces zones grises. On évoque la surpopulation dans les écoles, mais on nous dit que les gens qui feront une demande à la CSMB seront acceptés. On ne règle pas le problème ! »

Annexer les zones grises ?

La présidente de la CSBM rappelle que la Loi sur l'instruction publique permet qu'un territoire qui se mobilise puisse demander l'annexion à une autre commission scolaire. C'est le gouvernement qui doit alors le faire par décret.

« C'est la solution pour ne plus avoir à revivre ces situations. S'ils font la demande, on ne s'y opposera pas. Ce n'est pas une clientèle qu'on veut évacuer. Mais en ce moment au ministère de l'Éducation, [les élèves de la zone grise] ne sont pas comptés dans nos élèves. Quand on fait une demande d'agrandissement pour une école, je ne peux pas inclure ces élèves », dit la présidente de la CSMB, Diane Lamarche-Venne.

Elle estime qu'environ 1000 enfants fréquentant les écoles de la CSMB viennent des zones grises.

Guillaume Tardif, qui souhaitait envoyer sa fille dans une école de la CSMB l'an prochain, croit que la commission scolaire tente seulement de calmer le jeu en proposant aux parents de demander l'annexion.

« Je ne suis pas contre une annexion, mais je crois que cette suggestion est perfide. Je ne vois pas en quoi les commissaires élus pourraient encourager l'annexion de gens qui ne sont pas dans le bassin de leur école », dit-il.

Guillaume Tardif dénonce l'opacité de la commission scolaire dans le processus ayant mené à cette décision et envisage un recours juridique pour prouver qu'il y a eu des manquements. « S'il faut engager un avocat, je vais payer une partie de la facture. Il y a des enjeux plus larges », dit-il.