L'amitié a plusieurs vertus et voilà qu'une chercheuse de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) vient d'en découvrir une autre : les immigrants qui ont des amis québécois francophones apprennent mieux le français que les autres.

Marina M. Doucerain, professeure adjointe au département de psychologie, s'est penchée sur les facteurs qui prédisent le niveau de compétence en français en interrogeant 103 étudiants immigrants de l'Université Concordia.

« Il y a beaucoup d'études sur l'apprentissage d'une langue en classe, dans un cadre formel, mais on ne sait pas beaucoup comment les gens apprennent le français dans la vraie vie. C'est la question qui nous intéressait. »

Pour bien des immigrants, la majorité de leur apprentissage de la langue se fait « en dehors des structures formelles », précise-t-elle.

Et c'est là que les amitiés entrent en ligne de compte.

« Il est vrai que les immigrants qui se sentent plus positifs envers la culture québécoise, qui l'adoptent plus, vont mieux parler français. Mais en fait, c'est vraiment dû au fait qu'ils vont avoir plus d'amis francophones. Ce sont ces amitiés qui vont jouer un rôle dans l'apprentissage du français », explique Marina M. Doucerain.

Pour un immigrant, donc, s'intéresser à la culture québécoise l'aidera à avoir plus d'amis, qui à leur tour lui permettront de mieux maîtriser le français.

Mais les amitiés interculturelles sont à double sens, rappelle la chercheuse. « Même si on a un immigrant qui est très volontaire, très motivé, ça prend aussi quelqu'un de la culture d'ici qui soit volontaire, ouvert », dit Marina M. Doucerain.

Un frein

Sa recherche a aussi démontré que ceux qui vivent dans les quartiers francophones de Montréal ne parlent pas plus français dans leur quotidien que les autres. C'est que pour aider et être « gentils », les Québécois francophones auront tendance à parler anglais aux nouveaux arrivants, note la chercheuse.

Tolérer les hésitations et les tournures de phrase parfois bancales aide donc les immigrants à apprendre le français.

« Avoir cette ouverture aide à l'intégration langagière. C'est ce qu'on veut tous comme idéal de société. Individuellement, on a une certaine responsabilité, celle d'avoir une tolérance », conclut Marina M. Doucerain.