Aujourd'hui, c'est grand-maman qui garde Mickaël, « et si jamais il y a d'autres jours de grève et qu'elle n'est pas disponible, je prendrai congé ».

Mère de trois enfants dont le cadet fréquente un CPE, Andrée-Anne Vincent reste zen devant cette grève d'un jour qui touche aujourd'hui 578 points de services de centres de la petite enfance. 

Au total, ce sont les parents de quelque 21 000 enfants qui ont dû se trouver un plan B pour la journée. 

Mme Vincent, qui travaille dans le tourisme, comprend l'exaspération des éducatrices. « Leur contrat de travail est échu depuis deux ans et demi. Avec l'augmentation du coût de la vie, ça m'apparaît aberrant. »

Les quelque 11 000 éducatrices affiliées à la CSN ont voté à 94 % en faveur de la tenue de six journées de grève, celle d'aujourd'hui étant la première dont elles se prévalent. Les dates des prochaines journées de débrayage ne sont pas encore connues. 

Une trentaine de rencontres entre les représentants syndicaux et le gouvernement ont eu lieu jusqu'ici. 

Pas de concessions sur le régime de retraite

Jusqu'à mercredi, selon les dires à la fois du gouvernement et de la CSN, les négociations allaient pourtant bon train. Selon la CSN, le dialogue aurait subitement été rompu quand le ministère de la Famille a posé comme exigence préalable à la poursuite des négociations des concessions sur le régime de retraite. 

Toujours aux dires de la CSN, Québec - qui n'a pas commenté hier - demande de repousser l'âge de la retraite de 60 à 61 ans ou de partager les déficits futurs du régime de retraite. 

« Nous sommes prêts à discuter de tous les autres sujets, mais ça, c'est une fin de non-recevoir », a indiqué hier en entrevue téléphonique Louise Labrie, représentante des éducatrices de CPE à la CSN. 

Appui aux éducatrices

Directrice générale du CPE Le Terrier Magique, dans Rosemont, à Montréal, Marie Claude Plante appuie sans réserve les éducatrices. 

« Modulation des frais de garde pour les parents, indexation par rapport aux revenus, changement du mode de financement des CPE, coupes de subventions et maintenant quoi ? demande-t-elle. Un recul dans les conditions de travail de nos employés ? » 

« S'ils veulent la fin de la politique familiale du Québec, eh bien qu'ils le disent ouvertement. Comme ça, nous saurons contre quoi nous aurons à nous battre. » 

En 2012, la signature de la convention collective des éducatrices en CPE représentées par la CSN avait aussi été précédée de journées de grève. 

Dans un communiqué publié jeudi, le ministre de la Famille, Luc Fortin, disait trouver déplorable que la CSN reste sur ses positions alors que les précédentes séances de négociations avaient été très positives et avaient permis « de régler la grande majorité des clauses ». « Je suis confiant que les parties parviendront à régler les quelques clauses restantes dans le respect du cadre budgétaire », a ajouté le ministre.