Sept tablettes, quatorze ordinateurs portables, un grand téléviseur et un tableau interactif : la classe de 5e année de Lucie Voyer à Saint-Léonard est certes bien équipée, mais il a fallu près de huit années pour y parvenir, à coups de campagnes de financement et de budget grappillé ici et là.

La Commission scolaire de la Pointe-de-l'Île (CSPI) entend faciliter la vie de ses écoles en injectant 1 million sur les cinq prochaines années pour l'« innovation technopédagogique ». « On n'attend pas après le ministère de l'Éducation. On invente », dit son président Miville Boudreault, qui précise qu'une partie de cette somme provient de la fondation de la commission scolaire.

Celle qui fait figure de modèle dans cette commission scolaire est l'école primaire Wilfrid-Bastien à Saint-Léonard. Plusieurs professeurs disposent d'un attirail de moyens technologiques dans leur classe et adaptent leur enseignement en conséquence.

Invitation aux écoles

« On aimerait que d'autres écoles qui souhaitent le faire puissent le faire plus rapidement », dit Miville Boudreault. La CSPI a donc invité sa quarantaine d'écoles primaires à présenter des projets pour qui allient pédagogie et technologie. Les écoles peuvent déterminer leur propre « modèle » et bénéficier du soutien financier mis à leur disposition. La CSPI pourra par exemple financer le coût de la formation pour les enseignants et l'achat de matériel, notamment du mobilier pour réaménager la classe.

Seules conditions mises de l'avant : les projets ne doivent pas entraîner de processus de sélection des élèves ni de frais supplémentaires pour les parents. Qui plus est, toute l'école devra y adhérer.

Un élément motivateur

Mardi matin dans la classe de Lucie Voyer, certains élèves décortiquaient des phrases sur le tableau numérique interactif, d'autres faisaient des exercices de mathématiques sur une tablette. « Cette façon de fonctionner permet de différencier l'enseignement », explique l'enseignante, qui peut ainsi proposer des activités adaptées au rythme de chaque élève.

La directrice de l'école note qu'au fil des années, les élèves voient dans cette façon de faire un élément motivateur. « Le niveau d'absentéisme est nul et on note que les enfants ont hâte de venir à l'école. Dans les classes où on utilise ça, les enfants viendraient le samedi à l'école », dit Isabelle Massé.

Deux écoles ont déjà déposé un tel projet. « Ce n'est pas une solution miracle, ce n'est pas la panacée qui va tout régler. On va encore avoir besoin d'adaptation scolaire, mais dans un contexte avec une clientèle défavorisée, issue de l'immigration, le nombre d'élèves à risque est important. Je pense qu'on augmente les chances que les élèves aiment l'école », dit le président de la CSPI, Miville Boudreault.

Une fois qu'ils ont goûté à une classe de ce type, certains élèves trouvent le passage au secondaire difficile. La CSPI aimerait donc plus tard reproduire le modèle de technopédagogie dans certaines de ses écoles secondaires.