La Coalition avenir Québec craint que le ministre de l'Éducation Sébastien Proulx fasse une brèche à la loi 101 en n'obligeant pas les parents qui choisissent de faire l'école à la maison d'être encadrés par une commission scolaire francophone pour ceux qui ont l'obligation de scolariser leurs enfants en français.

En point de presse après la période des questions à l'Assemblée nationale, jeudi, le critique de la CAQ en matière d'éducation, Jean-François Roberge, a affirmé que l'étude du projet de loi 144 encadrant l'école à la maison menait pour l'instant à laisser aux parents le droit de faire «ce qu'ils veulent». 

«Le gouvernement libéral a choisi de répondre à la problématique des écoles religieuses illégales en disant "vous n'avez qu'à faire l'école à la maison". Que font-ils [maintenant] avec le projet de loi 144? Ils s'assurent que les parents qui font le choix de l'école à la maison font ce qu'ils veulent», a déclaré Jean-François Roberge. 

Selon le caquiste, le projet de loi 144, qui est présentement à l'étude en commission parlementaire, n'imposerait pas aux parents qui soumettent un projet d'apprentissage à une commission scolaire pour faire l'école à la maison d'être encadrés par le secteur francophone, si leur enfant avait normalement été éduqué en français en choisissant l'école régulière. 

Jean-François Roberge dit craindre que des parents qui doivent scolariser leurs enfants en français choisissent désormais de faire l'école à la maison quelque temps, accompagnés par une commission scolaire anglophone, pour ensuite inscrire leurs enfants à l'école anglaise dans le système public. 

«C'est comme si le gouvernement libéral réessayait de nous faire le coup des écoles passerelles. Il ne faudrait pas que l'école à la maison version Sébastien Proulx, avec le projet de loi 144, soit une nouvelle façon [de passer] par dessus l'obligation de respecter la loi 101», a martelé M. Roberge.

Des craintes non-fondées, dit le PQ  

Alexandre Cloutier, critique du Parti québécois en matière d'éducation, qui siège lui aussi à la commission parlementaire étudiant le projet de loi 144, affirme pour sa part que des enfants de francophones ou d'immigrants ne peuvent pas utiliser l'école à la maison comme passerelle pour revenir dans le système public anglophone, alors que cela est déjà interdit par la loi sur l'instruction publique.  

«C'est une interprétation qui dénote un collègue qui n'a pas suivi les débats. J'ai posé la question cinq fois au ministre et à chaque reprise, [il m'a dit qu'un] parent qui choisi de faire l'école à la maison doit nécessairement s'inscrire à une commission scolaire qui respecte la Charte de la langue française», a-t-il affirmé. 

«La Coalition avenir Québec (...) apporte le débat à l'extérieur des travaux de la commission parlementaire alors qu'il y a jusqu'à maintenant un réel dialogue qui se fait pour bonifier le projet de loi dans l'intérêt des Québécois», a-t-il ajouté.

«À ce stade-ci, le travail se fait en toute collaboration. De sortir publiquement et de crier au loup, c'est prématuré et ce n'est pas respectueux des institutions et des façons de procéder», a-t-il conclu, rappelant que l'étude du projet de loi était toujours en cours.