Une campagne de publicité de l'Université de Montréal vise à recruter très précisément les milliers d'étudiants de France qui n'ont pas pu être admis dans une université chez eux.

«Lycéens, étudiants français, c'est le moment de découvrir les possibilités qu'offre un système universitaire différent, qui s'adapte à la situation de chaque étudiant!», peut-on lire sur le site internet de l'Université de Montréal.

Dans une vidéo, une étudiante française vante aussi le «système scolaire très flexible» et «le choix de cours à la carte».

Qui sont les jeunes ciblés par cette offensive? Des milliers de jeunes Français qui frappent aux portes des universités au mauvais moment, à une époque où elles sont sous le coup de coupes et de demandes d'admission plus nombreuses que jamais.

«Plusieurs bons étudiants n'ont pas eu de place», résume Michèle Glémaud, directrice du Service de l'admission et du recrutement de l'Université de Montréal.

Tandis que les universités québécoises se disputent les candidats et multiplient les campagnes de séduction, les universités françaises, elles, ont le problème inverse. Elles ont reçu cette année quelque 40 000 candidats supplémentaires, alors que l'enseignement supérieur et la recherche sont sous le coup de coupes de 331 millions d'euros imposées par le gouvernement Macron. Bref, les universités sont saturées, étranglées.

«D'un point de vue démographique, la France vit une réalité inverse de la nôtre, il y a beaucoup d'étudiants qui sortent des lycées», dit Mme Glémaud.

Résultat : en France, de plus en plus d'admissions sont décidées par tirage au sort, par un algorithme de la plateforme internet qui centralise les candidatures de tous les lycéens, l'APB, acronyme d'«Admission post bac» (qui correspond à la sortie du lycée, en France).

Cet automne, quelque 3700 étudiants n'ont pas été acceptés par l'APB.

L'Université de Montréal a donc créé une adresse courriel spécialement conçue pour les déçus de l'APB, soit APB@umontreal.ca.

Changement de cap

Dans une vidéo, la campagne de publicité insiste aussi sur le fait qu'à l'Université de Montréal, il est «très facile de changer de programme en cours de route».

Ici, dit l'étudiante française qui fait la promotion de l'Université de Montréal, un étudiant qui change de cap n'est pas perçu comme étant «indécis ou instable. Cela fait partie de [son] cheminement».

Mme Glémaud relève que la publicité a beaucoup voulu mettre de l'avant la possibilité d'entreprendre ses études en janvier, alors que la France ne fonctionne pas par sessions et qu'il est beaucoup moins courant pour les jeunes étudiants, là-bas, de prendre toute une année sabbatique.

La campagne de recrutement de l'Université de Montréal a eu des échos dans les médias français. Dans Courrier international, on parle notamment du Québec comme de «l'eldorado des étudiants français».

Quelque 10 000 Français viennent étudier chaque année dans les universités d'ici.